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Bretoncelles : une paroisse du Perche du XVII au début du XIX siècle.
20 juin 2016

Les caractéristiques de la population bretoncelloise au début du XIX e siècle à travers le recensement de l'an XIII

La mise en ligne par les Archives départementales de l’Orne [1] des listes nominatives de recensement de population nous a permis de mener cette étude. Pour la commune de Bretoncelles, deux recensements seulement  sont disponibles ceux de l’an XIII et de 1901.

Le recensement de l’an XIII : présentation du document [2]

Daté du 1 er germinal an XIII  (22 mars 1805), il fut établi en vertu de la loi du 10 vendémiaire an IV (2 octobre 1795)  art 1 et 2, à la demande de la préfecture de l’Orne qui fournit les bordereaux de récolement  avec les instructions pour les remplir. Une première colonne indique le lieu de résidence du ménage, suivent un numéro d’ordre, le nom et prénom du recensé pour les habitants de 12 ans et plus, son sexe,[3] son âge, son statut professionnel ou son lien de parenté avec le chef de famille, son lieu de naissance, sa date d’arrivée dans la commune pour les non natifs. Les neuvième et dixième colonnes indiquent le nombre de fils et de filles de moins de 12 ans, la onzième totalise le nombre de personnes composant le ménage. Pour autant qu’on puisse en juger, ce document rédigé de façon soignée et complète, nous semble fiable. Il permet de dresser un panorama élargi de la population de Bretoncelles au début du  XIX è siècle.

 Aspect général de la population.

 Le tableau récapitulatif figurant à la fin du document fait état de 1 587 habitants de 12 ans  et plus se répartissant en 547 ménages logeant dans 516 maisons. En ajoutant les enfants de moins de 12 ans, on obtient une population totale de 2 229 habitants.[4] Nos comptages différent légèrement, nous avons repéré deux numéros non renseignés[5] et au moins une erreur de calcul, soit 2 222 habitants : 1 585 de 12 ans  et plus et 637 enfants de moins de 12 ans. La répartition par sexe s’établit ainsi : 1 099 hommes pour 1 123 femmes. Hormis les couples avec enfants, on note la présence de 47 veufs et 100 veuves, 188 domestiques : 91 hommes et 97 femmes, d’une douzaine de compagnons divers et de quelques neveux, nièces et cousins résidant chez des membres de leur famille. La répartition par âge des 1 585 habitants de plus de 12 ans, tous statuts confondus, est représentée dans le graphique ci-dessous. Elle renvoie l’image d’une population jeune. La tranche d’âge 20-29 représentant 19,1 % de la population de plus 12 ans, et atteignant 32,7 en l’élargissant aux 15-19 ans. Les plus de 60 ans représentent 12,7 %. Rapporté à l’ensemble des habitants, les moins de 12 ans pèsent 28,6 %, les 15-29 ans 23,3 % et les plus de 60 ans 9 % 

recen an XIII &

 Le second graphique reprend les même données en séparant les sexes. On note une féminisation importante des tranches 20-24 et 25-29 qui peut s’expliquer par nombre important de domestiques femmes 61 contre 42 hommes.

recen an XIII 2

 Composition des ménages

 Les 547 ménages se répartissent de la façon suivante : 387 se composent d’un couple, 86 ont pour chef de famille une veuve et 42 un veuf. On dénombre aussi 16 célibataires hommes et 5 femmes. A cela s’ajoute, vivant chez eux,  11 femmes seules avec enfants : 4 veuves, 1 femme mariée, 6 femmes célibataires  dont deux domestiques.

 L’âge des conjoints

 A la lecture du graphique, une question vient à l’esprit, la quasi absence d’hommes mariés dans la tranche 20/29 ans. Deux explications nous semblent possible, d’une part la différence d’âge au mariage entre garçon et fille et peut-être le fait que plusieurs jeunes hommes aient été enrôlés. Sur 328 femmes  de moins de 40 ans dont 10 veuves et 37 domestiques,  181 sont mariées soit 32,2%.

recen an XIII 3

 

Nombre d’enfants par ménages

 Nous avons repéré 367 familles pour lesquelles des enfants de tout âge sont présents. Le graphique ci-dessous n’est pas représentatif du nombre d’enfants que le couple a pu avoir et ce n’est pas donc un indice de fécondité,  mais de l’aspect de la famille à un instant T.

recen an XIII 4

 Les familles de 1 et 2 enfants présents au moment du dénombrement sont largement majoritaires. Bien entendu, ces données sont dépendantes du moment de son histoire conjugale où le couple est « photographié ». La baisse du nombre d’enfants par famille est néanmoins palpable.

 

Veufs et veuves 

Veufs et veuves occupent une place importante dans la population bretoncelloise, tant en nombre que socialement. 86 veuves sont chef de famille ainsi que 43 veufs si l’on ajoute ceux et celles qui sont accueillis dans un foyer ont atteint le total de 147 (47 hommes et 100 femmes) soit 13,8 % de la population de plus de 25 est plus. Les femmes représentent 68 % des situations de veuvage.Le graphique ci-dessous illustre la répartition par âge.[6] Il  met en évidence le poids des jeunes veufs et veuves dont la situation n’est peut-être pas définitive. Les personnes en état de veuvages et ayant moins de 40 ans, sont au nombre de 17 (10 femmes et 7 hommes) soit 11,6 %. Les veuves sont majoritaires dans pratiquement toutes les catégories d’âge.

recen an XIII 7

Le statut professionnel ou social des veufs et veuves nous est connu pour 42 veuves et 45 veufs, il figure dans les deux tableaux suivants.

Rcen an XIII 11

En ce début de XIX e siècle, on commence à voir apparaître des femmes avec un statut professionnel, situation rare en milieu rural avant la Révolution française.

 Nombre de personnes par habitation.

Le recensement met en évidence que dans une habitation, à la campagne, à cette époque on rencontre des cellules familiales nucléaires, majoritaires,  mais aussi être des cellules élargies. De plus, vivent aussi chez certains artisans, des compagnons et chez les cultivateurs ou les meuniers une nombreuse domesticité.

Le graphique ci-dessous en est la démonstration. Les habitations  comportant plus de 7 personnes sont au nombre de 57 sur 524  soit 13,8 %.

recen an XIII 8

Les quelques exemples qui suivent permettent de constater que les habitations les plus chargées de personnes sont, en règle générale, celles qui possèdent une domesticité importante. Ainsi Joachim Pelletier, propriétaire, veuf, vit avec 13 personnes : sa fille, son mari, leurs 3 enfants et 8 domestiques soit la totalité des habitants du hameau du Bas May. Autre Pelletier, cultivateur, avec son épouse, leurs 5 enfants, 7 domestiques soit les 15 résidents du Grand Orgeval. Les meuniers ont souvent des maisonnées bien pleines, chez Tomblaine Denis à Thivaux, 16 personnes dont 7 enfants et autant de domestiques, Sagot Claude à Courvoisier, 12 personnes dont 8 domestiques, Garnier Denis 9 personnes dont 6 domestiques, Langlois Jacques, 11 personnes : 7 enfants et 2 domestiques. La conjonction d’un nombre d’enfants et de domestiques élevés explique  le nombre important de personnes  cohabitant dans certaines habitations.

 

Cohabitation, accueil, association

Hormis les domestiques, les compagnons et autres employés une cinquantaine d’habitation renferme une famille élargie. [7]Il n’est pas évident de discerner si nous sommes dans un cas de cohabitation, d’un accueil plus ou moins long voire définitif, ou dans le cadre d’une association. Les exemples qui suivent, illustrent différentes situations.    

Veuves et veufs 

Nous avons recensé 15 veuves accueillies dont 10 ont plus de 60 ans. 6 sont la mère de l’époux, 2 celle de l’épouse, 3 sont des filles, une est probablement une sœur, enfin pour 3 nous n’avons pu établir de lien de parenté.[8] Cinq sont des veuves plus jeunes dont l’âge s’étage entre 26 et 49 ans. Trois d’entre-elles sont chargées d’un enfant et une a trois filles. Parmi les veuves âgées accueillies chez leurs enfants, nous avons retenu le cas de Mme Avignon Marie âgée de 74 ans. Elle se retire chez son fils en l’an 8 en provenance de Besloup. Ce dernier, cordonnier de son état avait rejoint Bretoncelles en 1781[9] Autre cas, Mme Morin, âgée de 70 ans, venant de Montireau, arrive chez son fils en germinal an 10. Jacqueline Dauvergne, âgée de 64 ans, est accueillie par sa sœur[10] et son mari AdrienVeillard cultivateur. Signalons enfin Mme Aveline Françoise 65 ans vivant chez Dubreuil François et son épouse, ici le lien de parenté s’il existe n’a pu être établi.

Trois veuves sont retournées chez leurs parents suite à leur veuvage. Il s’agit de Lormeau Magdeleine 26 ans et Tibory Rosalie 29 ans, toutes deux sont accompagnées d’une fille de moins de 12 ans. Girard Marie 46 ans ayant aussi une fille de moins 12 ans s’installe chez sa mère, elle-même veuve de 71 ans. Pour les 3 autres cas, nous n’avons pu repérer, s’il existe, un lien de parenté. Avec la ou les personnes qui les hébergent. Marie Marchand, 30 ans en charge d’une fille de moins de 12 ans, originaire de Montireau vit chez la veuve Sorant Magdeleine 62 ans. S’agit-il d’un cas d’entre aide ?

Marie Jeanne Loiseau 36 ans est domiciliée chez Mme Tafoiry Marie Jeanne. Cette dernière habite avec sa fille, elle n’est pas signalée comme veuve. [11] Nous avons aussi dénombré 5 veufs résidant dans de la famille. Trois sont âgés de plus de 65 ans, un de 48 et un de 26. Trois sont les pères des épouses. Le cas le plus intéressant est celui de Hunault Jean âgé de 75 ans, journalier. En l’an 10, il rejoint, en provenance de Rémalard sa fille Françoise, fileuse, elle même veuve chargée de trois enfants : une fille de 20, un garçon de 14 ans et un autre de moins de 12 ans. Née à Rémalard, elle arrive à Bretoncelles avec son mari en provenance de Longny en 1788. Lavie Jean-Louis, jeune veuf de 26 ans, retourne quant à lui, vivre avec ses 4 enfants de moins de 12 ans (3 garçons et une fille) chez ses parents.[12] Bailleau Louis, journalier,  48 ans, est accueilli chez la veuve Cannet Anne probablement sa belle sœur, âgée de 69 ans et sa fille Bailleau Marie Jeanne 22 ans.

Ces exemples montrent, outre la solidarité familiale face à la perte d’un conjoint, quelques cas possibles d’association permettant de mieux supporter les aléas de la vie.[13]

Nièces, neveux, cousins, petits enfants

Les veufs et veuves ne sont pas les seuls à être accueillis dans les familles, ils sont d’ailleurs aussi souvent dans la position d’accueillant. Nous avons essayé de d’appréhender cette situation bien différents de celle que l’on connaît de nos jours. C’est ainsi que la veuve Bordeau, blanchisseuse, héberge ses deux nièces[14] âgées de 26 et 15 ans, la seconde originaire de St Victor  de Buthon est présente depuis l’an 2. Il y a tout lieu de penser que les deux jeunes femmes travaillent avec elle. La veuve Menou, propriétaire de 78 ans,  héberge, elle aussi sa nièce de 16 ans, ainsi que sa fille mariée et ses 3 enfants de moins de 12 ans.[15] Garreau Salomon, propriétaire et Garnier Françoise son épouse, outre sa mère, ont sous leur toit un cousin du mari âgé de 50 ans.

Fils et filles

Couples déjà âgés, veuves ou veufs partagent leur habitation avec leurs enfants plus ou moins avancés dans leur parcours de vie. Filles revenues vivre  ou restant chez les parents suite à une naissance illégitime, célibat prolongé ou définitif, fils ou fille retardant son entrée dans la vie de couple pour soutenir un parent veuf et âgé ? Les cas de figures sont nombreux et illustrés à travers les exemples qui suivent.

Garreau Pierre, tisserand et Horré Marie, tous deux âgés de 69 ans vivent avec leur fille de 26 ans, peut-être célibataire et leur petite fille de moins de 12 ans. Le couple Paul, 72 ans avec Marie Françoise, leur fille de 27 ans et ses 2 filles de moins de 12 ans auquel on peut ajouter le frère de 26 ans. Le couple Coignard, avec leur fils, son épouse et leurs 2 filles de moins de 12 ans. La veuve Garnier, cultivatrice, 60 ans vit avec ses deux filles de 28 ans dont l’une est mère d’une fille de moins de 12 ans. Le Mesle René, piéton à la Mairie, veuf de 69 ans, chargé d’une fille de moins de 12 ans, vit avec sa fille, de 24 ans,  célibataire  elle aussi ayant une fille de moins de 12 ans ainsi que son fils de 19 ans. Poirier François, veuf  de 68 ans héberge sa fille, son mari, marchand drapier et leurs 8 enfants dont 5 garçons de moins de 12 ans. Ménard   veuve de 67 ans vit avec sa fille  Pian Marie Louise, 24 ans et sa fille de moins de 12 ans. Pilatte Antoinette, veuve de 79 ans avec sa fille de 35 ans, fileuse et un garçon de 13 ans portant le même nom, fils de cette dernière ? Marette Jeanne veuve, 70 ans et son probable petit-fils de moins 12 ans. Dezert Louise, veuve partage son habitation avec ses deux filles célibataires de 50 et 48 ans.

Veufs et veuves accueillent aussi fils ou fille avec leur famille comme Barbu Marie, veuve 59 ans, qui héberge son fils tailleur, son épouse et leurs 2 enfants de moins de 12 ans, Lejeune François 72 ans, cultivateur, son fils, sa femme et leur fille de moins de 12 ans ou Marquis Louis, veuf, charron de 66 ans son fils, sa conjointe et leurs 4 garçons de moins de 12 ans. Pelletier Joachin, 55 ans, propriétaire, veuf sa fille, son mari et leurs trois enfants de moins de 12 ans. Dauvergne Jeanne, veuve de 74 ans héberge sa fille, son mari et leur fille de moins de 12 ans. 

Frères et sœurs

 Autre cas de figure, l’association/cohabitation de fratrie. C’est le cas des Noturne, 3 frères, Alexis, François et Jean,  journaliers, âgés respectivement de 30, 25 et 19 ans et de leur sœur Marie 28 ans. Même cas de figure pour les deux Crêtte Marie 45 ans et Louise 42, probablement sœurs, toutes deux célibataires. On retrouve la même situation chez les Marchand, l’aîné, cultivateur vit et exploite la ferme avec ses trois frères et ses trois sœurs, on note aussi la présence de 2 filles de moins de 12 ans.[16] Lubin Louis, âgé de 15 ans, qualifié de propriétaire, s’installe chez sa probable sœur Lubin Denise épouse de Duchesne Michel, cultivateur, en l’an 13 en provenance de Verrière. Les deux frères Joannet, tous deux cultivateurs 36 et 18 ans ou les frères Guillin, tous deux tailleurs, originaires de St Victor et établit à Bretoncelles en l’an 11. Sagot François, propriétaire et Glond Geneviève, son épouse cohabitent avec Sagot Marie, 22 ans propriétaire, elle aussi, sa probable sœur, peut-être pour éviter un partage des biens et/ou en attente de son mariage.

 Beaux frères, belles sœurs

 C’est le cas de François Le Poivre, propriétaire,  veuf, vit  avec son frère Alexandre 32 ans, avec sa belle sœur 24 ans, femme Denis Le Poivre.

 Des liens non établis.

Pour d’autres cas, le lien entre les personnes cohabitant n’est pas connu. Ainsi quel rapport y a t-il entre le couple Garreau Marin, cultivateur, son épouse Leger Louise Charlotte et Lormeau Jacques, 26 ans qualifié de propriétaire. On retrouve la même situation pour Tremblay François 15 ans, Lapierre Jean 14 ans

Le couple Dougere Julien, Quebault Anne cohabite avec Jean Quebault, célibataire, propriétaire de 51 ans,  frère ? de l’épouse.

Le cas des Clouet pose aussi problème, si Charlotte Clouet veuve de 51 vit avec sa fille de 21 ans, rien d’anormal,  que penser de Pierre, veuve de 27, chargé de 3 garçons et une fille de moins de 12 ans qui partage son habitation avec Clouet Julie 41 ans, sa sœur ? mais aussi Neil Angélique 22 ans et Aubert Pierre 18 ans. S’agit-il de domestiques dont le recenseur a oublié l’état ? Peu probable au vu du document. Trois autres  Clouet dans une maison proche, Marie veuve de 66 ans avec une deuxième Marie 36 ans et Victor 23 ans. Tous habitent la Pezassière. Cohabitation non élucidée entre Marie Jeanne Tafory 56 ans, célibataire ? sa fille de 16 ans et  Loiseau Marie Jeanne veuve de 36 ans, entre Renault François, journalier de 27 ans, veuf et Darreau Louis, même profession, célibataire de 24 ans. Quel lien entre le couple Dauvergne, Moutier et Langeoire Jean-Louis 19 ans, tisserand, arrivé de Vaupillon en 1787, le couple Vallée, Jumeau et Liberge Louise âgée de 15 ans, hormis que d’autres personnes portent le nom dans le hameau. La veuve Seigneur avec Beaufils Victoire, fileuse de 22 ans, native de Vaupillon, arrivée en l’an 10. Le couple Eluard, lui marchand de son état et Richardeau François, 16 ans, mineur en pension ? apprentissage ? Les Naveau, cultivateur,  et Beheulière Marie Françoise 14 ans. Gibon Marie Louise veuve, bordagère de 52 ans, avec Mauger Marie 12 ans, Paty Barbe 24 ans.

Domestiques, compagnons et autres

188 domestiques sont dénombrés, 91 hommes  (48,4 %) et 97 femmes (51,6%). Il représente 11,8 % de la population de plus de 12 ans.Les enseignements les concernant feront l’objet prochainement d’une présentation spécifique Une quinzaine d’employés spécialisés ont été repérés, 12 compagnons, 1 charretier,[17] une apprentie et jeune de 14 ans occupant la fonction de souffleur chez un maréchal-ferrant. Les 12 compagnons se déclinent en 2 respectivement âgé de 18 et 22 ans chez un maréchal-ferrant, 2 tisserands de 20 et 30 ans, 1 cordonnier de 25 ans et 6 cloutiers. Trois d’entre-eux exercent chez Lahaye Louis Pierre, deux sont Bretoncellois de 19 et 20 ans, le troisième Labrune Léonard, arrivé en germinal an 11 de Limoges à 40 ans. Trois travaillent chez Jean Chauvin, marchand cloutier, tous sont horsains, deux sont arrivés en l’an 12, l’un de Champrond, il a 24 ans, l’autre est plus vieux 54 ans, nous n’avons pu identifier son lieu de naissance. Le troisième a 18 ans, il vient de Vichères, à 18 ans et se trouve à Bretoncelles depuis l’an 6. Signalons qu’avec, les parents,  les 2 fils, les 4 filles et les 2 domestiques, cette maison abrite 13 personnes. La seule femme du panel, une des rares ayant un statut professionnel, se nomme Jussier Françoise, 20 ans est  en apprentissage de fileuse chez Macé Joseph, un tisserand.

 

Origine de la population extérieure.

Dans le recensement de l’an XIII figure le lieu de naissance des habitants de plus de 12 ans et s’il n’est pas natif de Bretoncelles, sa date d’arrivée dans la commune. Ces renseignements nous permettent de saisir un des aspects de la formation la population, à savoir les apports extérieurs, nous échappe les départs.Il est entendu que ces données reflètent une situation à une période précise et en constante évolution. Nous avons relevé 436 personnes, adultes, enfants de plus de 12 ans, représentent 28,7 % de la population de plus de 12 ans, en excluant les domestiques horsains étudiés ci-dessus.[18]

 Les lieux de naissance.

 Nous avons répertorié 85 lieux de naissance différents. Nous avons étudié la distance séparant les lieux de naissances de personnes de moins de 12 ans nés hors de la commune.

 

Distance de Bretoncelles en km

Nombre de communes

Pourcentage

5 à 9

11

12,9

10 à 14

24

28

15 à 29

14

16,4

30 à 39

10

11,7

40 à 49

2

2,3

50 et plus

8

9,4

Inconnu

17

20

 Distance entre la commune d’origine et Bretoncelles des horsains. Recensement de l’an XIII [19]

17 lieux d’origine n’ont pas été identifiés, soit 20 % des lieux indiqués, c’est important mais cela ne représente qu’une quinzaine de personnes. Plusieurs communes portant le même nom ou celui-ci étant incomplet, dans le doute nous les avons exclus.[20]

Les 7 paroisses les plus représentées pèsent 53,5 % des natifs de plus de 12 ans. Il s’agit de La Madeleine Bouvet avec 61 non natifs dont 39 conjointes, Coulonges 50, Condé 33, St Victor-de-Buthon 24, St Germain-des-Groix 24, Vaupillon 20, Dorceau 22. Viennent ensuite Verrières 12, Condeau 11, Moutiers et Rémalard 10. Toutes ces communes sont  à l’exception de Verrières à moins de 10 km de Bretoncelles. Près de 68 % des natifs hors de Bretoncelles, sont originaires d’une commune située à moins de 15 km. 11% venant d’un endroit situé entre 15 et 29 km. Deux destinations lointaines figurent dans le recensement Limoges et Mons-en-Hainaut (Belgique).

 Date d’arrivée 

Le tableau ci-dessous recense les dates d’arrivée à Bretoncelles des 404 personnes extérieures dont la date d’arrivée est connue.

             

Dates

Nombre de personnes de plus de 12 ans hors domestiques

1733 - 1759

7

1760 - 1769

33

1770 - 1779

48

1780 - 1789

90

1790 - 1799

131

1800 - 1804

85

Date d’arrivée dans la commune des non natifs de plus de 12 ans, domestiques exclus.   Recensement An XIII 

Fort logiquement les années les plus anciennes sont les moins fournies, les décès ou les mutations ayant fait leur œuvre. Elles  témoignent néanmoins de l’ancienneté de l’implantation et de l’intégration. Les chiffres élevés de la période 1790 -1804 témoignent peut-être du brassage de population consécutif à la Révolution française et ses suites.

Nous avons donc représenté sous forme d’un graphique les arrivées  de ce moment. La période considérée représente 53,4 % des arrivées, ce qui est logique s’agissant souvent de famille avec des enfants.

Il semble bien que les mouvements de population, au moins dans un rayon limité, soient relativement importants.

Les quelques exemples qui suivent illustrent cette situation. Voici la famille de Foucher René, tailleur d’habit, originaire de Dancé, il arrive de Condé, en 1790,  avec son épouse et ses trois enfants de plus de 12 ans, nés dans cette paroisse. La famille s’agrandit d’une quatrième naissance à Bretoncelles. Buguet François, cultivateur né à St Pierre-la-Bruyère marié à Aimable Rosalie, née à Condé, il rejoint Bretoncelles en 1791 avec ses 3 enfants nés à St Pierre. Renault David, cultivateur arrive de Coulonges avec sa femme et ses deux fils en l’an 10. Tomblaine Denis meunier de Bretoncelles épouse Lefevre Magdeleine de Conches, une de ses filles née à Nogent, deux autres enfants à Ferrière. Il revient à Bretoncelles en l’an  5

recen an XIII 9

Répartition de la population dans l’espace communal.

 Pays de bocage, le Perche se caractérise par un habitat dispersé comme l'atteste cet extrait de la carte de Cassini.

Sans titre 2 

                   Extrait de la carte de Cassini XVIII eLes limites de la commune sont en jaune. http://cassini.ehess.fr/

 

Le recensement de l’an XIII indiquant le lieu de résidence des familles, il nous est possible d’en apprécier la réalitéSi le Bourg, avec ses habitations groupés autour de l’église paroissiale  est bien le lieu de peuplement principal, son poids est à relativiser au regard des 110 lieux-dits que nous avons comptabilisés. Si ce nombre est sensiblement le même que de nos jours, des différences notables existent entre les deux moments chronologiques. Ainsi où se trouvaient : La Barbottière, La Rachinière, Trompe-Souris[21], ils ne figurent ni sur la carte de Cassini, ni sur le cadastre de 1826.[22] A contrario, pas d’habitants à Plaisance, La Glacière, Le Val. Le peuplement des hameaux est mouvant, ainsi Le Buisson présent dans les registres paroissiaux, avec entre-autre de nombreux tisserands, ne figure pas dans le dénombrement de l’an XIII. Le Bourg avec 309 habitants et 72 ménages représentent 13,8 % des deux catégories. Les 10 hameaux ayant plus de 40 habitants totalisent 662 habitants soit 29,7 % de la population. De fait, 56 % des habitants de Bretoncelles vivent dans un lieu qui comporte moins de 40 personnes agglomérées. Les deux graphiques qui suivent nous montrent comment se répartissent les hameaux tant au niveau des ménages que celle des habitants.

recen an XIII 10

 Près de 81 % des hameaux comptent moins de 5 ménages. Les lieux-dits les plus peuplés sont : La Godefraise 99 habitants, La Booz 76, La Blosserie 72, La Dougère 67, Jonville 66, Brouin 65, La Gilardière 57,  La Pezassière 45.

La carte que nous avons réalisé permet de visualiser l'extrême dispersion de l'habitat.

 

Sans titre

 Comme on peut le constater le recensement de l’an XIII permet de dresser un bilan relativement complet de la population bretoncelloise au début du XIXe siècle, nous échappe la situation des enfants de moins de 12 ans. Un aspect a été volontairement laissé de côté, il s’agit de la structure professionnelle, elle fera l’objet d’une publication séparée afin d’essayer d’en montrer l’évolution à travers les sources disponibles.

 

 

 



[1] http://archives.orne.fr

[2] A.D.O 3 NUMLN61/M1458-01

[3] Le statut de veuf ou veuve figure dans cette colonne.

[4] Ce nombre est le résultat du dernier total partiel qui figure en bas de chaque page, il est aussi noté sous la signature du Maire, Philippe-Jacques Verdier.

[5] La ligne 315 est vide et le numéro 1552 est manquant.

[6] Il porte sur 146 individus, un âge n’étant pas renseigné.

[7] Il s’agit d’un ordre de grandeur, l’interprétation des situations n’est pas toujours simple car les liens de parenté ne sont pas toujours indiqués.

[8] Les liens de parenté ont été retrouvés ou affinés grâce à la base de données que nous avons constituée. Elle regroupe les actes de baptêmes, décès et mariage de la paroisse de Bretoncelles entre 1700 et 1792.

[9] Un compagnon cordonnier Gatineau Michel provenant du même village rejoint cette famille la même année.

[10] C’est , nous semble-t-il, le lien de famille probable, l’épouse s’appelant aussi Dauvergne.

[11] S’agit-il d’une mère célibataire ce qui pourrait en absence de parenté expliquer cette association ou le mari est-il tout simplement absent, conscrit par exemple ?

[12] Le nombre d’enfants intriguent pour ce jeune père, hormis le fait que les renseignements soient portés en face de son nom, sa mère est âgée de 65 ans ce qui rend difficile qu’elle puisse être la génitrice d’un d’entre eux.

[13] Nous pensons à  Bailleau Louis, Marie Jeanne Loiseau, Marie Marchand, Aveline Françoise

[14] Elles ne sont pas sœurs.

[15] Epouse Putel, est-elle séparée de son mari ?

[16] Respectivement de 23, 18 et 12 ans pour les frères et 28, 26 er 16 pour les sœurs.

[17] Lejeune François, 46 ans, originaire de Dorceau et sur la commune depuis l’an 12.

[18] Nous avons intégré les quelques  compagnons non natifs de Bretoncelles.

[19] Les distances ont été relevées sur le site d’itinéraires en ligne Michelin.

[20] Dans quelques cas, nous n’avons pas trouvé le lieu, orthographe ? lieu-dit ?

[21] Il existe un Trompe-Souris sur la route et la commune de la Madeleine-Bouvet, est-ce le même ? Les limites de communes ont-elles connu des modifications à la marge ?

[22] Cela représente 21 personnes.

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Bretoncelles : une paroisse du Perche du XVII au début du XIX siècle.
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