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Bretoncelles : une paroisse du Perche du XVII au début du XIX siècle.
7 mars 2017

La confrérie de charité de Bretoncelles Vers 1668 – 1792

 

Comme nous l’avons annoncé dans l’article « Mourir à Bretoncelles au XVII e XVIII e siècle. 2 ème partie » publié dans ce blog, la présente contribution a pour objectif de dresser un état des lieux de nos connaissances sur la confrérie de charité de Bretoncelles. Notre principale source est les statuts de la confrérie. Nous l’avons complétée avec des renseignements tirés des registres paroissiaux de Bretoncelles, des visites pastorales du représentant de l’Evêque de Chartres en 1713 et 1717 et de quelques inventaires après décès. Ces sources feront l’objet d’une présentation détaillée plus avant.

La confrérie bretoncelloise sera replacée dans son contexte local grâce à l’étude publiée par Elisabeth Gautier-Desvaux dans les cahiers percherons.[1] La lecture des travaux de Catherine Vincent  et  Michel Bée nous ont permis de nous documenter sur cet aspect particulièrement intéressant de la vie religieuse et sociale du XVIII e siècle bretoncellois.

Les confréries de charité normandes.

Le présent paragraphe a pour objet de présenter le rôle d’une confrérie de charité et de poser quelques jalons chronologiques concernant leur genèse et leur évolution.

Quel est le rôle d’une confrérie de charité normande ? 

Pour expliquer ce qu’est une confrérie de charité, nous reprenons la présentation qu’en fait Fabienne Cosset  dans les  « Confréries de charité en Normandie : enquête en Pays d'Auge ». [2] « La confrérie de charité est une association à laquelle des laïcs de confession catholique adhèrent volontairement afin de rendre aux morts les derniers honneurs et d’accompagner les familles lors des funérailles. Elle observe les règles de la religion catholique, participe aux rites de passage essentiellement à ceux de l’inhumation, ainsi qu’au culte des morts et saints dans le respect du calendrier traditionnel » [3]  La confrérie est aussi un lieu de sociabilité où «… les frères s’agrègent dans un désir d’appartenir au même groupe. Leur identité se définit par le partage des mêmes fonctions, l’accomplissement des mêmes gestes, le port d’un habit distinctif. De plus, ils adoptent des règles communes établies dans des statuts et partagent des moments de convivialité. » [4] Michel Bée ajoute « les confréries, définies par le nom de leur saint patron, installées en bonne place dans une chapelle de l'église, dotées de statuts  avalisés par l'évêque, contrôlées par le curé, s'inscrivent dans les institutions publiques de l'Église. Elles y ont une place notable. » [5]

Origine et évolution des confréries de charité en Normandie jusqu’au XVIII e siècle.

Sur les origines des confréries de charité en Normandie, l’ouvrage de référence est celui de Catherine Vincent : « Des charités bien ordonnées. Les confréries normandes de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle » [6] Elles apparaissent au Moyen-Age au XI e siècle, néanmoins le mouvement de création prend son essor au XIV et XV e siècle.  Le lien entre l’épidémie de peste noire de la guerre de Cent ans (1347-1352) n’est pas établi de façon formelle. Catherine Vincent constate en effet que le rythme de création des confréries se poursuit au milieu du XV e, période pourtant plus calme et plus prospère. Les guerres de religion provoquent la destruction d’une grande partie des associations. Avec le XVII e siècle, dans l’élan de la contre-réforme initiée par le concile de Trente (1545-1563), les charités connaissent une deuxième grande phase de création. Le XVIII e siècle, voit selon Michel Bée, le mouvement se poursuivre, il conteste l’idée d’un déclin à la fin du siècle. [7]

Avec le Révolution, la situation des confréries évolue rapidement, perte d’autonomie avec l’obligation de rendre des comptes à l’administration, obligation de déclarer leurs biens à la municipalité et inscription sur la liste des biens nationaux puis appropriation par l’Etat des biens des confréries.[8] Il convient maintenant d’intégrer la charité de Bretoncelles dans ce panorama.

La confrérie de charité de Bretoncelles.

La création de la Confrérie de charité de Bretoncelles.

En l’état de notre documentation, nous pouvons dater la création de la confrérie bretoncelloise vers fin 1668 début 1669. Deux éléments penchent pour cette datation, d’une part la première référence  à la présence de frères de la charité dans les registres paroissiaux est une inhumation du 24 janvier 1669.[9] D’autre part, il n’est fait aucune allusion à l’existence d’une confrérie dans le compte rendu effectué par Jacques Lormeau, curé à la  de Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou, doyen rural du Perche lors de sa visite pastorale du 11 mai 1668 [10] ni d’ailleurs lors de celles qui l’ont précédées.[11]

Qui étaient les personnes à l’origine de cette association ? Si l’on en croit le curé Marin Chapelain et son vicaire Jacques  de la Croix, la création de la confrérie serait à mettre, entre autre, au crédit de Me Pierre Dezert ainsi qu’en témoigne son acte d’inhumation. « Le 31 jour de juillet 1691 fut inhumé honneste personne Me Pierre Dezert vivant  bailly chastellenyie de Berthoncelles, agé de soixante seize années lequel pendant sa vie par sa piété et son zèle a institué la Confrérie de Charité de ce lieu sous les auspice du très saint sacrement le l’autel ; lequel a aussi fait inventaire de tous et un chacun des titres et legs de l’église de céans, qui étaient auparavant en très mauvais ordre » [12] Dans l’article II des statuts de la confrérie, confirmés le dix mars 1774 par l’Evêque, trois personnes sont reconnues comme fondateurs de la confrérie. Il s’agit de Me Cordier, Barbe Marchand son épouse et Geneviève Cordier leur fille.  « Seront aussi à perpétuité dites et célébrés deux messes hautes avec Vigiles et Libera pour Me Cordier, Barbe Marchand, sa femme, et Geneviève Cordier leur fille ; savoir, la première le jour de Saint-Roch et la seconde, le jour de Saint-Sébastien. Avant la préface desdites messes, lesdits fondateurs seront recommandés aux prières. » [13] Que la mémoire de ces trois personnes soit célébrée de façon aussi importante témoigne de leur rôle dans la création de la confrérie. Reste en suspens l’absence de Me Pierre Dezert à leur côté.  Que sait-on de ces fondateurs « officiels » ? Pierre Cordier, que l’on peut suivre à travers les registres paroissiaux,  est noté en praticien[14] 1669[15] puis greffier de la châtellenie de Bretoncelles en 1693[16], il est le fils de Me René Cordier, lui aussi praticien à Bretoncelles et Julienne Thomas. En 1695[17],  il épouse Barbe Marchand veuve de Jean Darreau vivant notaire et procureur fiscal de Bretoncelles. Cette dernière décède à l’âge de 42 ans en 1700[18]. Geneviève Cordier, leur fille née en 1699, elle décède célibataire à 28 ans en 1726[19]. Pierre Dezert et la famille Cordier ont probablement bénéficié du concours de Jacques Court. Ce dernier étant qualifié « trésorier ? des fonds de la charité » lors des obsèques de son épouse en 1670. [20] Signalons que dans l’environnement proche de Bretoncelles, la création de la confrérie de Verrières  daterait de 1594 et celle de Moutiers-au-Perche avant 1651.[21]

 La charité de Bretoncelles dans le maillage des confréries du Perche ornais.

La carte réalisée par Mme Elisabeth Gautier-Desvaux  dans son étude sur les charités dans le Perche ornais nous permet de savoir quelles étaient les paroisses voisines pourvues d’une confrérie.[22] On relève ainsi Coulonges-les-Sablons, Condé-sur-Huisne, Condeau, Dorceau, Verrières, Dancé, et Moutiers-au-Perche. A cette liste, nous pouvons rajouter Rémalard,[23] absent de la carte mais dont l’existence est attestée dans les années 1700 et, bien que n’appartenant point au territoire du Perche ornais, La Loupe dont on relève la présence lors d’obsèques  à Bretoncelles.[24] Comme on peut le constater la confrérie bretoncelloise s’inscrit dans un réseau dense, preuve de la vivacité du mouvement chariton.

 

La vie de la confrérie bretoncelloise à travers ses statuts.

Comme nous l’avons évoqué dans notre introduction, les statuts de la confrérie de charité vont être notre source centrale pour décrire les différents aspects de cette association.

Les statuts

Il convient dans un premier temps de présenter ces statuts. La version  dont nous disposons est présentée de la façon suivante : « Statuts de la  confrérie de charité érigée en l’église Saint- Pierre de Bretoncelles depuis un tems immémorial, et confirmée pour la seconde fois en l’année 1774, par Mgr l’Evêque de Chartres ». [25]  Ces statuts furent réimprimés en 1787. M. Leprince, les ayant retrouvés, eut l’heureuse initiative de les publier dans les mémoires de la Société Archéologique d’Eure et Loir en 1961. [26]

Le préambule de Pierre-Augustin-Bernardin de Rosset de Fleury, évêque de Chartres (1748-1780) indique qu’il fut saisi au cours de son épiscopat d’une requête des paroissiens de Bretoncelles[27] pour qu’il approuve et confirme les statuts « qu’ils auraient dressé » car « que n’y ayant point de communauté et d’état qui puissent long-temps subsister sans loix et règlement » ajoutant « Les confrères de ladite charité voulant obvier les abus qui pourraient s’introduire par la suite dans l’exercice et l’administration de ladite confrérie. » [28]

Une question s’impose, l’approbation des statuts de la charité date t-elle de l’épiscopat de Monseigneur de Rosset de Fleury et ce dernier se contente de les confirmer ou de son prédécesseur ? Il semble bien qu’il est existé une version des statuts plus ancienne. En effet, lors de sa visite pastorale de 1713, Gaspard de Fogasse de la Bastie, vicaire général et grand archidiacre de l’évêque de Chartres est sollicité par Henri Marchand, procureur en charge de la charité à propos d’une délibération contraire à l’article 38 des statuts de la charité autorisés et homologués par l’évêque de Chartres « lors vivant ». [29] Probablement Ferdinand de Neufville de Villeroy, titulaire du siège épiscopal entre 1657 et 1690. Cet article porte sur le remplacement (les commis non servants) des frères servants indisponibles pour diverses raisons. Cet article 38, signalé dans la visite, correspond à l’article XIV du chapitre IV «  De la sépulture et des   convois des défunts » de la version publiée par M. Leprince. De plus ce dernier indique une limite d’âge pour les commis d’au moins 18 ans contre 20 dans la visite. Il a tout lieu de penser qu’il a donc existé une version des statuts antérieure à celle que nous allons utiliser. On constate aussi à la lecture des procès verbaux des visites pastorales de 1713 et 1717, des disfonctionnements graves dans les finances de la confrérie sur lesquels nous reviendront.  Il apparaît que la charité a connu des difficultés dans son administration. En 1713, le représentant de l’évêque défend « tres expressement de faire aucun changement ny acte contraire a leurs statuts et a leurs usages approuvés sans y être authorise par M E de Chartres. »[30] Quatre ans après, il constate que  « toutes les affaires de la dite charite sont demeures dans un tres grand desordre »[31]en particulier depuis le décès du vicaire Boudard en 1714. Il est donc possible d’avancer l’hypothèse suivante, à un moment donné les bretoncellois, peut-être fortement incités par les autorités ecclésiastiques,  ont « refondé », ou remis en ordre leur confrérie avec  en particulier l’adoption de nouveaux statuts. Cela expliquerait aussi la longueur du chapitre V « Des amendes » qui comprend pas moins de 38 articles soient 7 pages sur les 18 que comprend la version imprimée des statuts, sans compter d’autres mises en garde portant sur la discipline dispersées dans les autres chapitres.

Reste en suspend la date de cette nouvelle rédaction ? Sous l’épiscopat de Monseigneur de Rosset de Fleury après 1748 ou plus tôt sous celui de son prédécesseur Monseigneur Charles-François des Monstiers de Mérinville évêque entre 1710 et1746, en tout cas après 1717. En espérant que de nouvelles sources permettront peut-être ultérieurement d’affiner cette chronologie, on peut au moins dire que le descriptif qui suit concernant le fonctionnement de la charité correspond à celui de la seconde moitié du  XVIII e siècle.

Le rôle de la confrérie

La confrérie de charité de Bretoncelles  se donnait deux objectifs, d’une part « l’entretien des services et offices » [32] c’est à dire donner à certaines cérémonies religieuses et aux processions une plus grande solennité,  et d’autre part « d’inhumer honorablement les corps des défunts frères et sœurs de ladite confrérie »

L’identité de la confrérie : les attributs

Dès l’article premier,[33] les statuts traitent des éléments qui confèrent à la charité son identité. Objet de fierté, éléments de cohésion du groupe, ils se devaient d’être arborés par les frères dans toutes les circonstances. Lors des manifestations regroupant plusieurs confréries, ils permettaient aux charitons bretoncellois, comme à leurs confrères des autres paroisses de se distinguer. La charité s’identifiait comme collectif grâce à sa bannière sur laquelle figurait d’un côté l’image du Saint-Sacrement et de l’autre celle de Saint Roch et Saint Sébastien, ses deux patrons. Elle possédait aussi un blason « D’azur à pal d’argent chargé d ‘un lion de gueules. » [34]Les autres ornements étaient le dais, la  croix, les torches, le drap mortuaire. Les statuts font aussi une brève mention de bâtons de procession[35] comme il en existait ailleurs.[36] Les frères bretoncellois étaient revêtus d’une longue robe avec une ceinture, d’un chaperon [37] sur lequel figurait le Saint-Sacrement, d’un bonnet carré, de bas et souliers le tout de couleur noire et de qualité ordinaire, gage d’humilité. Dans les comptes établis pour la  liquidation de la succession de Denis Vedie en 1767 figure aux chapitres des dépenses le prix pour une robe de charité. « La somme de quinze livres 10 sols payée par le rendant sans quittance pour le prix d’une robbe de charité pour faire l’exercice de defunt francois Vedie frère des parties pendant quil a été frère servant de la charité de Bretoncelles. » [38] La robe achetée 15 l 10 sols fut revendue 5 livres.

La confrérie de charité : lieu de sociabilité et de mémoire.

Etre frère servant de la charité créait des liens entre les membres. Ce  sentiment d’appartenance était renforcé lors des deux repas qui les réunissaient les jours de la Saint-Sébastien et du Saint-Sacrement. Après l’office, les frères « en corps et en habits » sortaient de l’église avec le chapelain, le clerc et le crieur en suivant la croix pour se rendre au lieu du repas. Ce dernier se prenait « chaperon bas » et « avec une grande modestie » puis il regagnait, toujours en ordre l’église. [39]

L’un des rôles des la confrérie était de perpétuer la mémoire et le salut des âmes des frères ayant œuvré pour elle et dont les noms figuraient dans un registre particulier. A cet effet, il était célébré, à perpétuité,  « au dépens de la charité quatre services solemnels de deux grandes messes avec les Vigiles et Libera pour tous les frères et sœurs servants ladite charité » [40] le lendemain de la Saint-Sébastien, le premier jour vacant après l’octave du Saint-Sacrement, le lendemain de la Saint-Roch et le lendemain de la nativité de la Vierge.

Au décès d’un frère ou d’une sœur, soit servant, soit inscrit sur le livre, une messe basse était prévue pour le repos de son âme.  Si le décédé était un frère ou une sœur servant,  un « service solemnel de deux messes hautes  avec les Vigiles et Libera était célébré » [41] Il était annoncé la veille par la sonnerie des cloches qui retentissaient aussi au moment des Vigiles et Libera. Pour ce service, l’autel était paré de noir avec deux cierges aux frais de la confrérie.[42] On dressait une représentation[43] devant le crucifix avec quatre cierges et quatre torches, la croix et la bannière. A l’issue de l’office, les frères servants raccompagnaient les parents du défunt.

La mémoire de la charité se construisait aussi à travers sa fondation. Nous avons évoqué plus avant la famille Cordier, identifiée comme fondatrice de la confrérie et objet d’un service particulier.[44] Il était aussi prévu à perpétuité « des messes de fondation de la charité ». [45]

La Charité dans l’espace ecclésial.

La charité possédait une place réservée dans l’église, deux bancs étaient réservés aux charitons sur lesquels ils prenaient place dans un ordre bien précis. La bureau ou parquet de la charité se trouvait à « proche du pilier de la grosse tour » d’après l’acte de décès de Françoise Veillard, inhumée dans l’église. [46] Les statuts le situent « au bas de la chapelle St Jacques » [47] C’est là que se trouvait le coffre contenant « les titres et papiers, les quêtes, les amendes et autres biens de ladite charité » [48]La confrérie était en charge de la décoration et de l’entretien de l’autel de la chapelle St Jacques où se trouvaient les statues de St Roch et St Sébastien.

L’organisation de la confrérie.

La charité était composée de 14 hommes « faisant leur devoir paschal, et de mœurs reconnues »[49] ils se répartissaient sur les deux bancs dans l’église et étaient tenus de servir pendant deux ans consécutifs. [50] Sur celui de droite siégeaient les sept frères anciens et sur celui de gauche les sept nouveaux. [51] En effet, chaque année le jour de la fête du Saint Sacrement, [52] il était procédé à l’entrée des frères nouveaux et à l’élection du prévôt. On peut donc en déduire que les sept anciens du banc de droite quittaient la confrérie, ils étaient remplacés par ceux du banc de gauche. C’est aussi à cette date que l’on procédait à l’élection ou le prolongement du clerc et du crieur. Les frères entrants ainsi que le clerc et le crieur prêtaient serment «  de bien vaquer à leurs charges, selon ces présentes ordonnances, les mains du curé ou du vicaire de la dite paroisse. » [53]

 Etre frère servant de la charité.

Etre frère servant impliquait, pendant les deux années de service de faire ses Pâques le jeudi Saint et de communier le jour de la Saint Sébastien. Tout frère manquant à cette obligation, sans l’accord du directeur de conscience ou comparution devant le tribunal de la pénitence, se voyait « chassé et rayé du nombre des autres frères comme un homme indigne de cette vénérable confrérie. » [54] 

Une hiérarchie et des rôles précis.

Sur le banc de droite s’installaient les sept frères anciens dans un ordre précis. Tout d’abord l’échevin puis le greffier qui avec le troisième frère portait le dais. Le quatrième chariton était porte cierge, le cinquième porte-cierge, le sixième s’occupait du drap mortuaire, le septième officiait comme porte-croix. Sur le deuxième banc, celui de gauche se trouvaient les nouveaux entrants. Le premier était le prévôt, suivi du frère de mémoire, lui aussi porte dais avec le troisième. Les quatrième, cinquième et sixième avaient les mêmes fonctions que leurs frères du banc de droite, enfin le septième portait la bannière. [55]

 Les rôles administratifs. [56]

Le rôle de l ‘échevin peut-être assimilé à celui d’un trésorier. En poste pour un an, il avait la charge de recueillir les legs, les rentes, les épargnes dûs à la charité. Il se devait aussi de faire  « rendre compte à ses prédécesseurs » [57] Il était tenu lui-même de rendre les siens dans les six mois qui suivait son année de gestion. Signalons que lors des deux visites pastorales  de Gaspard de Fogasse de La Bastie (1713 et 1717), le frère en charge des finances portait le titre de prévôt.[58] Ce qui peut accréditer l’hypothèse d’une réécriture des statuts. Le frère de mémoire était en charge de la discipline. Tenu d’examiner le port et le maintien de tous les autres frères, il devait en faire un rapport au greffier. Il pouvait éventuellement en discuter avec les autres frères pour le faire ou non. Le greffier avait pour tâche la tenue du registre « des défaillances et amendes ». Il se devait  d’en présenter un rapport tous les premiers dimanches de chaque mois, jour du règlement des amendes.  Quatre livres se trouvant dans le coffre de la charité servaient à l’administration de la confrérie. Sur premier étaient notés les rentes et revenus, sur le second les noms et surnoms de tous les frères et sœurs « qui sont ou se feront mettre et enregistrer en la dite confrérie ».[59] Le troisième portait les noms et surnoms des frères décédés, le jour de leur  décès « avec les dûs pour droit de confrérie ». [60] Sur le quatrième étaient couchés les noms et surnoms des frères servants. Il existait aussi « un catalogue exact et régulier » [61] où figuraient les noms et surnoms des fondateurs et bienfaiteurs de ladite confrérie  « avec les charges dont les legs étaient chargés » [62]

« Des offices de chaque frère »[63]

Chaque frère avait un rôle bien précis suivant les activités de la confrérie ou l’ornement dont il avait la responsabilité. L’échevin se devait de porter la croix sur l’autel avant les vêpres et de la prendre en main pendant l’évangile. C’est lui qui avec le prévôt devaient porter « les buats [64] à tous les convois des trépassés » et un cierge lors des processions. Ils se chargeaient aussi de la mise en terre du défunt. Le sixième frère du banc de droite se chargeait du drap mortuaire jusqu’à l’inhumation, son collègue de gauche se chargeant de le ramener.  Le frère de mémoire et son alter ego du banc de droite se chargeaient de ramener les buats.  Enfin le porte-croix et le porte-bannière avaient charge la croix et la bannière. Enfin, les frères suivant les situations, offices, processions, convois, devaient tenir en main cierge ou torche. Lors de l’office ils secondaient le prêtre pendant la distribution de l’encens. Ils assistaient et gardaient le Saint-Sacrement lors de son exposition à l’adoration des fidèles. [65]

Le clerc et le crieur.

Le clerc se chargeait de « parer l’autel où seront dites les messes de charité, de les chanter quand elles seront chantées. »[66] Il accompagnait les frères à tous les services, convois et processions, chantant les prières pour les défunts et lors des offices. Le crieur assistait à avec ses clochettes à toutes les processions, convois et offices. Il allait « par les rues et carrefours du bourg de Bretoncelles, sonner et crier à haute voix les vigiles des fêtes du Saint-Sacrement, de Saint Pierre et Saint Paul. »[67] Il parcourait aussi le bourg pour sonner les prières des frères ou sœurs décédés et informer de l’heure de leurs convois.  Le clerc et le crieur avaient aussi la garde du luminaire, ils se chargeaient de l’allumer, de le nettoyer chaque premier dimanche du mois et lors des grandes fêtes. De même, ils avaient l’obligation de sonner les cloches quand le besoin s’en faisait sentir.[68]

Le rôle de la charité.

 

Une présence active lors des offices et des processions. [69]

Le présent chapitre a pour objectif de présenter la charité en corps dans ses fonctions. La confrérie avait été fondée «  pour l’entretien des services et offices » ce qui représentait des obligations importantes comme on va le voir. Les frères devaient servants, en tenue, se devaient d’assister en personne à tous les offices des cinq fêtes de la Vierge,[70] à la fête du Saint-Sacrement, aux fêtes de Saint Roch et Saint Sébastien les deux patrons de la confrérie, à celles de Noël, de l’Epiphanie, des Cendres, du jeudi, vendredi, et samedi saint, à Pâques, à la Quasimodo, à l’Ascension, la veille de la Pentecôte et à l’Eau bénite. La présence était aussi requise aux premières vêpres des jours de la Pentecôte, des deux Trinités, de la Saint Pierre et Saint Paul, patrons de l’église, de la Toussaint et des Trépassés et de tous les premiers  dimanches de chaque mois. A cela, s’ajoutait l’obligation d’assister à la première messe tous les dimanches et bien sûr à tous les services concernant les frères et sœurs servants décédés. Au cours des ces offices, chaque frère avait un rôle précis. L’échevin avait la responsabilité de la croix qu’il tenait pendant l’Evangile. Quatre frères, en fonction de leur rang sur les bancs se relayaient auprès du prêtre en tenant une torche ardente au cours des différents moments de la messe. Les charitons étaient aussi présents lors des processions, leur conférant un surcroît de solennité. Il s’agissait des Rogations, de Saint Marc et Saint Roch et de toutes les autres processions et prières publiques ordonnées par l’évêque, et celles des fêtes et des dimanches. La confrérie défilait dans l’ordre suivant : le crieur et ses clochettes, le porte-croix et le porte-bannière puis les autres frères avec une torche ardente à la main « chacun en son rang, grade et office » [71] le clerc fermant la marche.

Inhumer honorablement. [72] 

La seconde mission de la confrérie consistait à « inhumer honorablement les corps des défunts frères et sœurs de ladite confrérie » [73]  Dans les  faits, cette activité s’étendait, moyennant rétribution,  aux autres morts et ce au delà même de la paroisse de Bretoncelles. Nous avons évoqué dans notre article l’article « Mourir à Bretoncelles au XVII e XVIII e siècle. 2 ème partie » publié dans ce blog, le rôle de la confrérie dans l’enterrement de personnes ne faisant pas partie de la charité, nous n’y reviendrons pas. Lors du décès d’un frère ou d’une sœur, les proches étaient tenus d’avertir le frère en charge du registre où étaient enregistrés les membres de la confrérie. Ce dernier faisait sonner quatorze coups de la grosse cloche afin d’avertir les autres frères de se préparer pour le convoi.[74] Le crieur parcourait aussi le bourg pour sonner les prières des frères ou sœurs décédés et informer de l’heure de leur convoi.  Le départ avait lieu deux heures après. Les frères, munis de leur ornement, de la croix et de la bannière,  du drap mortuaire, des buats, de 4 cierges et 4 torches se rendaient alors au domicile du défunt pour y faire le convoi. A proximité de l’habitation, ils devaient se mettre dans l’ordre prévu pour le convoi. L’étape suivante consistait à entrer dans la maison pour y asperger le corps. Celui-ci était ensuite sorti par l’échevin et le prévôt pour être déposé sur les buats. Le  corps  était  ceinturé par le  deuxième de chaque banc puis recouvert du drap mortuaire Puis l’échevin et le prévôt avec l’aide du troisième et du quatrième de chaque banc le portaient sur environ cent pas. Ils étaient alors relayées par les autres frères ainsi de suite jusqu’à l’église. Pendant le convoi, les frères devaient, avec ordre et respect, porter la croix, la bannière, les cierges et les torches droit devant eux et non sur l’épaule. Le clerc de la charité, revêtu de sa soutane, de son surplis et de son bonnet carré suivait le convoi en chantant suivant l’heure les vigiles ou les vêpres. Le crieur habillé d’une robe, d’une tunique et d’un bonnet carré ouvrait la marche du convoi sonnant avec ses clochettes.

L’inhumation.

A l’arrivée à l’église, les porteurs déposaient le corps sur des selles de repos. Les torches et les cierges étaient disposés autour de celui-ci. L’ensemble de la confrérie assistait au service religieux. Le défunt était ensuite porté par deux frères au lieu de sa sépulture pour être inhumé. Après avoir aspergé le corps, les charitons raccompagnaient les parents, en chantant L’In exitu Israël jusqu’à la sortie de l’église ou jusqu’au domicile du défunt s’il habitait le bourg. Si le défunt était l’échevin ou le prévôt, le rituel comportait quelques différences. La confrérie quittait l’église en corps avec les plus beaux ornements et six cierges et six torches jusqu’à la sortie du bourg. Au delà de cette limite, les frères cheminaient comme bon leur semblaient avant de se reformer aux environs du logis du défunt. Au retour, les six frères portant les torches soutenaient le drap mortuaire. Dans l’église, la croix, les cierges et les torches étaient disposés autour du corps. A la fin de l’office, le corps, avant de rejoindre le lieu d’inhumation, était porté tout autour du chœur. Pendant que l’on comblait la tombe, quatre frères tenaient le drap mortuaire au dessus de  cette dernière. La confrérie raccompagnait ensuite les parents.

De la discipline.

La charge de frère servant de la charité comportait de nombreuses obligations. Afin d’amener les charitons à assurer au mieux leur service, les statuts de la confrérie recelaient tous un ensemble d’articles punissant les manquements, d’amendes. Nous avons évoqué la place que tenaient ces derniers. Le chapitre V « Des amendes » compte pas moins de 38 articles soient 7 pages sur les 18 de la version imprimée des statuts. Le dernier article du chapitre IV « De la sépulture et des convois des  défunts »  sorte de préambule au chapitre sur la discipline pointait déjà les absences aux services solennels, convois et processions sans excuse valable et insistait sur les dérapages verbaux « S’ils font quelques insolences, jurent, blasphèment le Saint nom de Dieu, de la Sainte Vierge et des Saints, querellent et disputent les uns contre les autres, profèrent des paroles libres, lubriques , scandaleuses et blâmables, que s’ils ne se parlent pas avec respect les uns les autres, seront condamnés à l’amende. » [75]  Nous avons procédé à un classement de ces amendes en grands chapitres. Quatre catégories sont, à notre sens,  repérables. Il s’agit des absences, des manquements au service dans son rituel, de la tenue pendant les différentes missions de la confrérie et enfin des comportements graves offusquant la bienséance et les mœurs. Les absences aux différents services et obligations représentent 8  des 38 articles portant sur les amendes. Il s’agit des messes, des inhumations (convoi du défunt et des différentes étapes du service), des processions et de l’adoration du Saint-Sacrement. L’absence à un office religieux était sanctionnée par une amende de 2 sols et 6 deniers par office. Ne pas être présent à l’ensemble des moments de l’inhumation d’un frère servant coûtait 14 sols.[76] S’il s’agissait d’un défunt de la paroisse, l’amende tait 7 sols 6 deniers, elle montait à 10 sols pour les paroisses environnantes, 15 sols pour celles plus éloignées et atteignait 17 sols 6 deniers au delà de trois lieux. Un montant maximal de 20 sols ou une livre était dû  pour l’absence aux processions.

Les manquements au service.

Si la présence était obligatoire, chaque frère se devait, on l’a vu de s’acquitter d’un certain nombre de taches. Lors des offices religieux, omettre de quêter ou d’assister le prêtre, de tenir sa torche, son cierge, la croix ou la bannière était puni d’une amende allant de 2 sols 6 deniers à 3 sols. Lors des convois, oublier d’asperger le corps était sanctionné de la même façon. Mettre la main sur le corps du défunt sans son chaperon coûtait 2 sols 6 deniers. D’autres manquements portaient sur les ornements, oublier de les apporter ou de les remettre à sa place valaient 5 sols. Le frère en charge des amendes et le frère de mémoire se voyaient frapper d’une amende allant de 2 sols 6 deniers à 5 sols. Les commis n’étaient pas épargnés, celui qui oubliait sa robe lors d’un remplacement réglait une amende allant de 2 sols 6 deniers. Cette catégorie représente 10 articles sur 38.

Une tenue digne.

 Officier pour la charité impliquait une attitude digne des circonstances, 5 articles sur 38 rappelaient aux charitons  comment se tenir.Croiser les jambes pendant un office, porter le chaperon sur l’épaule droite, porter la croix ou la bannière sur l’épaule, sortir de son rang coûtait entre 1 sols 6 deniers et 2 sols 6 deniers. Poser la croix, la bannière, les cierges… contre une haie ou une muraille montait à 5 sols car c’était une « marque de mépris ». Les frères qui bavardaient, badinaient, troublaient les offices et convois par « des verbiages inutiles », utilisaient les ornements pour autre chose que leur fonction s’acquittaient de 5 sols.

Ne pas choquer la morale, les mœurs.

La dernière catégorie regroupe les comportements les plus graves, ceux qui choquaient la morale, les mœurs, les familles des défunts, la communauté paroissiale, il s’agit de 6 articles sur 38, ils sont les plus lourdement sanctionnés. Entrer dans une auberge avec sa robe, manquer de respect en parole ou acte au défunt, courir avec son corps, se disputer à la porte du défunt ou de l’église étaient punis de 5 sols. Se livrer à des paroles équivoques, impures, calomnier ou être médisant 2 sols 6 deniers à 5 sols. Se quereller lorsque la charité était en ordre entre 5 et 12 sols.[77] Les comportements les plus réprouvés étaient la bagarre et le blasphème. Se battre en utilisant les attributs de la confrérie revenait à 6 livres si l’on était en tenue, 3 livres en civil. Si l’on se battait sans utiliser les ornements une livre. Enfin « Pour avoir juré, blasphémé le Saint nom de Dieu ou des Saints, ou proféré des paroles injurieuses à la religion ou aux choses saintes, ou pour s’être même moqué  des rits et cérémonies de l’église ou de la charité, ou pour s’être enfin moqué ou avoir ri des présentes ordonnances sera payé trente sols d’amendes, et même plus suivant l’exigence des cas. » [78] Les amendes étaient payées tous les premiers dimanche de chaque mois, conservées dans le coffre de la charité, elles étaient distribuées aux pauvres les jours de la Saint-Sacrement et de la Fête Dieu. Afin que ce règlement et les sanctions liées aux manquements soient bien intégrés, l’échevin se devait de lire ou faire lire les statuts tous les premiers dimanches de chaque mois sous peine d’une amende d’une livre. Dans son article sur les rituels funéraires en Normandie, [79]Martine  Segalen aborde le thème des amendes dans les statuts des  confréries de charité. Bien que sa réflexion concerne le XIX  e siècle, il nous semble que ses remarques puissent concerner aussi les charités du XVIII e Elle indique tout d’abord que le système des amendes « cachent un ensemble d’attitude de familiarité vis-à-vis de la mort que la confrérie tente de réformer, en rétablissant la dignité de la mort. »[80] La liste des amendes traduit un souci de respect dû à la charité, à ses missions au défunt. Mais comme l’indique Martine Segalen, « les amendes ne frappent en effet le coupable que dans le cadre de l’exercice de ses fonctions de frère et non en tant que particulier. » [81] Cette litanie d’amendes s’est aussi probablement inscrite dans la volonté de rendre un service de qualité et d’éliminer les comportements pouvant  porter préjudice  à la confrérie aux yeux du clergé et donc de provoquer sa mise à l’écart.

Etre frère servant : des obligations chronophages

Etre frère servant de la charité demandait une disponibilité importante. Le temps consacré aux activités de la confrérie amputait d’autant celui dédié aux occupations professionnelles. Pour remédier à cette situation, les frères servants avaient la possibilité de se faire remplacer par un commis. Leur existence est attestée dans les statuts. Nous avons évoqué l’intervention du représentant de l’évêque à ce sujet lors de sa visite de 1713. L’article XIV du chapitre IV précise les conditions de ces remplaçants.

Les commis.

Le recours à un commis par les frères servants, le crieur ou le clerc, « en cas de maladie ou pour quelque affaire si  urgente qu’ils ne puissent vaquer à leur charge et office » [82]permettait d’éviter le paiement d’une amende. Deux cas se présentaient, pour l’inhumation d’un frère servant ou pour les offices des fêtes et des dimanches, le commis se devait d’être un ancien servant de la confrérie. [83] Si le défunt n’était pas un frère servant, on pouvait se faire remplacer par quelqu’un d’autre « pourvu qu’ils soient bien famés, faisant leurs pâques et âgés d’au moins dix-huit ans. » [84] Le remplacement se faisait aux frais du frère servant qui ne pouvait assurer son service. Pour faire face aux multiples obligations, pas toujours simples à gérer en fonction des activités professionnelles, les frères servants pouvaient engager des « commis gagés à l’année ». Ceux-ci effectuaient-il une grande partie du service ? ou remplaçaient-ils ponctuellement, nous l’ignorons. Il n’est pas impossible que certains d’entre-eux l’aient été régulièrement. Ainsi, on constate que Noël Richard  lors de l’inhumation de Jacqueline Lejeune en 1699 est noté « commis de la charité ».[85] Nous avons retrouvé au cours de nos dépouillements une dette passive concernant un commis gagé à l’année. Il s’agit de celui de François Vedie, frère servant aux alentours de 1767.[86] La somme à régler au commis était de 34 livres pour une ou deux années, nous l’ignorons.[87] Les commis étaient bien entendus soumis au même régime d’amende que les frères servants qu’ils remplaçaient.

 Place de la confrérie dans la communauté paroissiale.

Quelle place occupée la confrérie dans la vie de la paroisse ? Plusieurs réponses sont possibles. Une première réflexion peut-être menée sur le niveau de pénétration de la charité dans les familles. Les réflexions de Michel Bée nous donnent des éléments de réponses. «  Si l’on en reste au cercle des seuls officiers, pour le cas des charités, le principe de rotation des fonctions produit un effet de large participation des familles de la paroisse par le biais d'un de leurs membres. » Il ajoute « Si les frères servants, ou officiers de ces charités, constituent un corps restreint de douze à quatorze hommes, il serait abusif de limiter la charité à ce groupe. En effet, à côté de ces frères servants en activité et renouvelés partiellement ou totalement tous les ans, on dénombre un effectif évidemment beaucoup plus élevé d'anciens frères, parfois appelés antiques, qui, une fois déchargés de la fonction de service actif, gardent des prérogatives et participent aux offices religieux comme aux fêtes de la confrérie. » [88]  Une seconde interrogation vient à l’esprit. Dans quelle mesure les paroissiens faisaient-ils appel à la confrérie de charité dont les services n’étaient pas gratuits. Nous reprenons ici les propos déjà publié dans l’article « Mourir à Bretoncelles au XVII e XVIII e siècle. 2 ème partie »  Nous avons procédé à un sondage pour en estimer l’importance.  Entre 1700 et 1709, nous avons relevé la présence d’au moins  une confrérie de charité dans 210 inhumations soit près de 41 % des obsèques célébrées dans l’église paroissiale. Dans 146 enterrements soit 69,5 % la confrérie bretoncelloise officie seule. Pour 50 cas, elle est présente avec une autre (23,5%). Enfin, elle est absente dans 14 cas, soit 6, 6 %, le service étant effectué par une ou plusieurs charités extérieures. La répartition par sexe des 210 inhumations où une confrérie est présente est la suivante : 42,8 % de personnes de sexe féminin (90 personnes) et 57,1 de sexe masculin (120 individus). Il est surtout fait appel aux charitons pour les adultes mais on constate cependant que les moins de 20 ans représentent 12,1 % des interventions. Notons que 19 enterrements d’enfants de moins d’un an ont mobilisé une confrérie.  Une large majorité des obsèques  adultes font appel aux  frères de la charité. Les 173 défunt(es) de 20 et plus représentent 88,2 % des décédés de cette catégorie. Enfin, la confrérie extérieure qui intervient le plus à Bretoncelles, soit seule soit de concert avec celle de la paroisse, est celle de Moutiers avec 54 présences (25,4% des enterrements). Le recours à la confrérie est largement attesté mais nous ignorons selon quelle modalité. Doit-on appliquer à la confrérie de Bretoncelles, le mode de fonctionnement évoqué par Yvette Petit-Decroix et France Poulain dans leur fiche sur « L'organisation des charités de l'Eure ». Ellessignale qu’« une charité comprenait trois sortes de membres : en plus des frères servants, membres actifs sur lesquels reposaient la plupart des actions de la charité, existaient aussi des membres associés ou « agrégés » : d’une part les « rendus », qui payaient une cotisation annuelle à la confrérie pour bénéficier des prières de celle-ci et de sa présence lors de leur inhumation ; d’autre part les « franchis » ou « affranchis », qui donnaient une somme globale dès leur inscription pour se voir octroyer les mêmes avantages jusqu’à leur trépas. » [89] Il n’existe pas dans les statuts de la confrérie de Bretoncelles une telle notion. On peut s’interroger sur le rôle du second registre composé des noms et surnoms de tous les frères et sœurs « qui sont ou se feront mettre et enregistrer en la dite confrérie ».[90] Faut-il comprendre les termes frères et sœurs dans le sens large comme l’explicitent Yvette Petit-Decroix et France Poulain ou restrictif de frères servants ? La confrérie contribuait aussi à donner plus d’ampleur aux cérémonies qui rythmaient la vie religieuse de la paroisse. Elle était aussi un vecteur de lien avec les paroisses environnantes voire de fierté. En effet, dans l’article XXXII du chapitre sur les amendes figure, une liste non limitatives, des paroisses où la confrérie pouvait être amenée à se rendre à savoir : La Madeleine-Bouvet, Moutiers-au-Perche, St Eliph, Vaupillon, St-Victor, Condé, Dorceau. Les inventaires après décès  confirment la réalité de ces présences. 

Les hommes et les femmes de la confrérie.

Il convient maintenant de s’intéresser à ces hommes et ses femmes qui ont tout au long de son existence ont fait vivre la charité. Hormis pour les années 1700, nous ne disposons que de quelques renseignements découverts au fil des registres paroissiaux pour l’essentiel. Néanmoins, les procureurs ayant œuvré à la gestion financière de la confrérie au début du XVIII e sont connus grâce aux deux visites de Gaspard de Fogasse de La Bastie   et aux disfonctionnements que connaît la charité dans sa gestion.

Les procureurs du début du XVIII e siècle.

 Il semble bien que les procureurs, dans les statuts en vigueur à cette époque, avaient en charge la gestion financière de la charité. C’est qui ressort des injonctions du représentant de l’évêque de Chartres. Le plus ancien procureur dont nous connaissons le nom en l’état de nos recherches est  Pierre Neil en 1698. Il semble que la charge de procureur, d’une durée d’un an, était à cheval sur deux années, de mai à mai. 

Sans titre

Au delà, nous avons relevé les noms Marin Germond en 1758, [92] Pierre Neil en 1780 [93] et d’Etienne Dauvergne, bordager en 1792, probablement.[94] Quelques autres noms sont apparus aux cours de nos recherches, deux chapelains Mathieu Mery  en 1690 [95] et Pierre Boudard de Valois, [96] dont nous reparlerons, dans les années 1707-1714, Gilles Julienne en 1717, tous trois vicaires en exercice. Nous connaissons aussi le nom de trois crieurs, porte-clochette René Chapon en 1693,[97] François et Charles Lejeune, tous les trois étant sacristains.[98] Nous avons déjà évoqué François Vedie comme frère servant, nous pouvons lui rajouter François Loyseau en 1693 [99]  et Pierre Lapierre, laboureur en 1710. [100]

La confrérie de charité et les femmes.

Nous ne savons pratiquement rien de la place des femmes dans la confrérie de charité bretoncelloise. Néanmoins, elles y jouent un rôle. Dans les statuts figurent à plusieurs reprises les termes « frères et sœurs » attestant d’une présence féminine. L’article V est d’ailleurs clair car il comporte les termes suivants «  fait à la mort de chaque frère ou sœurs servants la dite charité ». [101] Pourtant, rien dans les statuts fait référence ni même allusion à un quelconque rôle. Doit-on en déduire comme l’indique Elisabeth Gautier-Desvaux « Les femmes ne sont pas admises dans les cérémonies publiques mais peuvent se trouver associées à la communauté de prières et en bénéficier, en se faisant au besoin représenter par leur mari ou un frère » [102] Cependant, rappelons que parmi les trois personnes honorées  du titre de fondateur figurent deux femmes, Barbe Marchand et Geneviève Cordier sa fille. Quel a été leur rôle auprès de Pierre Cordier, leur mari et père ? Nous l’ignorons mais on peut penser qu’il fut important. Nous possédons le nom de deux femmes ayant eu un rôle dans la confrérie, il s’agit de Jeanne Babouin veuve de Pierre Marquis, notée sœur servante à son décès en 1752[103] et Marie Haret ou Havet veuve de Marin Darreau, reconnue comme sous servante de la charité et inhumée en 1773. [104] Le fait que le prêtre est pris soin de noter ce statut sous entend qu’elles furent actives au sein de la charité.

Les finances de la confrérie de charité de Bretoncelles.

 Le recettes de la confrérie proviennent de rentrées en numéraires fournies pare les cotisations des frères et associés, des sommes reçues lors des inhumations des personnes non membres tant à Bretoncelles qu’à l’extérieur, des amendes et des dons en argent. Les rentrées d’argent se font aussi grâce à des rentes et peut-être la location de terres voire de bâtiments. Enfin, elle possède un capital mobilier sous forme de vêtements, coffres, bancs et ornements. Les dépenses sont aussi nombreuses outre l’entretien des biens, l’achat du luminaire devait représenter un poste important. 

Les recettes.

Les rentes et dons.

Au cours de différents dépouillements, nous avons retrouvé la trace de rentes en faveur de la charité bretoncelloise. Il est évident que les exemples que nous donnons ne visent pas à l’exhaustivité. A l’origine de ces rentes se trouvent souvent un testament comme dans le cas de Dame Marie Lecoq  veuve de Me Louis David, vivant bailli de Bretoncelles, qui en 1681  donne 6 livres de rente à la charité.[105] Les rentes sont en général connues grâce aux actes de vente. [106]  Dans les années 1770, la charité touchait une rente de 10 sols sur 18 perches de pré au Buisson, [107] 20 sols sur un quartier de terre labourable, [108] 3 livres sur une noue, [109] 12 sols sur des biens dont une maison à la Gilardière.[110] Autre exemple figurant dans l’inventaire après décès de François Prudhomme tisserand, quatre quittances d’une valeur chacune de 12 livres et 10 sols dont ce dernier s’était acquitté auprès du vicaire Papin ou des prévôts Sagot et Neil pour les années 1778-1781. [111] Il est impossible, en l’absence de documents portant sur la comptabilité de la confrérie d’apprécier ce que les rentes pouvaient peser dans les ressources de la charité. Si les ventes nous fournissent des exemples, les rentes assises sur des biens qui ne changent pas de main, à moins d’avoir l’acte de création, nous échappent. Les dons étaient une autre source de revenus, là encore nous en savons peu de choses, tout juste pouvons nous signaler celui fait en 1675 par François Feron qui donne par testament la somme de « cent livres en 3 fois payer à la confrerie de la charité de céans à la charge d’un service solennel tous les ans au jour de son décès » [112]

Les frais d’inhumation.

Nous avons déjà évoqué cet aspect dans notre article : « Mourir à Bretoncelles au XVII e XVIII e siècle. 2 ème partie » nous présentons ici trois exemples tirés des dettes passives figurant dans des inventaires après décès. En 1758, François Mocher réglait 4 livres 18 sols pour le service de son épouse. [113] En 1771, la facture pour lui-même était de 7 livres 19 sols [114] et 8 livres pour Jean Coudray. [115]

Les revenus provenant des biens immobiliers.

 Un état des biens nationaux concernant les fabriques et charités se trouvant sur le territoire de la commune de Bretoncelles, en date du 2 nivôse en 2, (22/12/1793) nous permet d’appréhender en partie ? en totalité ? le patrimoine immobilier de la charité au moment de la Révolution.[116] Il se composait d’une noue dite du « Gué Cheval » de 40 perches dont Jacques Garreau tenait le bail moyennant 30 livres de fermage, de 20 perches de pré et de 40 perches tant en pré qu’en labours. Ces deux autres biens, étant aussi tenus à bail par Jacques Garreau pour la somme de 30 livres. Ces trois biens, représentant une superficie de 100 perches étaient évalués à 1 200 livres. En marge, il était porté pour chacun d’eux la mention « vendu ». Un deuxième document figure dans la même liasse, il s’agit d’une soumission en date du 16 octobre 1792 adressée par Louis Verdier menuisier à Bretoncelles. Ce dernier était désireux d’acquérir « les batiments de la charité consistant en deux maisons manables, [117] greniers et un jardin au bout d’iceux d’environ trois perches situés au bourg de Bretoncelles » [118] dont le citoyen Garnier tenait le bail. Nous ignorons la valeur de ce bien et si l’affaire fut conclue. Enfin, avec l’inventaire après décès de Marie Louise Neil épouse de Louis Coignard, tisserand, nous savons que le couple louaient 30 perches  de terres labourables pour 8 livres 15 sols. [119]S’agit-il d’une des parcelles nationalisées ? Rien ne prouve que nous avons là, la totalité des biens de la confrérie, certains d’entre-eux ayant pu être vendus avant l’état de nivôse an 2, de plus la charité pouvaient éventuellement posséder des biens dans d’autres paroisses. Enfin, pour conclure ce chapitre sur les ressources de la confrérie indiquons, qu’en 1790, cette dernière fut imposée 25 livres 3 sols et 11 deniers dont 10 livres d’exploitation et 6 livres 14 sols 1 denier de capitation, soit presque le double de la moyenne des impositions,  ce qui la plaçait au 58 ème rang sur  448 des contribuables bretoncellois. A titre de comparaison, la fabrique était redevable  de 126 livres un sol onze deniers dont 30 livres d’exploitation occupait la septième place. [120]

Les disfonctionnements du début des années 1700.

Lors de ses visites pastorales, le représentant de l’évêque Gaspard de Fogasse de La Bastie avait entre autre pour mission d’inspecter les comptes des fabriques et des confréries de charité. Les procès verbaux des années 1713 et 1717 établis à la suite de ces deux visites nous apportent quelques éléments sur le fonctionnement des finances de la confrérie bretoncelloise. Lors de la visite de 1713, [121] il est d’abord présenté au grand-archidiacre les comptes de Michel Lemaître, procureur dont l’exercice se terminait en 1702. Il apparaît que sa veuve est redevable envers la confrérie de la somme de 30 livres 9 sols. Quant à Jacques Dezert en poste entre mai 1706 et Mai 1707, il devait 59 livres 15 sols. Ces deux procureurs, certes avec retard avaient fini par solder leur compte. Cependant pas moins de sept années restaient en suspens à savoir Pierre Darreau 1703, Florent Binoist Dumesnil 1707, Victor de la Tour  1708 ou ses héritiers ou a leur défaut Maître Pierre Boudard de Valois prêtre  vicaire, Louis Diacre sieur de Lortoire 1709 Pierre Boudard de Valois 1710, Maître Nicolas Chouen sieur de ? 1711, Jean Naveau 1712. Quatre ans plus tard, en 1717, Gaspard de Fogasse de La Bastie, constate que la situation n’a pas évolué voire s’est empirée. Suite à la demande de Pierre Clouet prévôt en exercice qui réclame « plusieurs titres qui luy sont necessaire pour se faire payer son année » L’archidiacre déclare « quil y a pres de quinze ans quon a rendu de conte de la gestion des biens de la dite charite que meme defunt sr Boudard vicaire a gere pendant plusieurs annees les affaires de la dite charite dont il a meme ete prevot  en sorte que par son deces toutes les affaires de la dite charite sont demeures dans un tres grand desordre de sorte quil est necessaire de remedier promptement » [122] Après avoir pris l’avis du curé, des confrères et des habitants présents, il commet Gilles Julienne, vicaire et chapelain de faire rendre les comptes manquants et d’enclencher les procédures nécessaires. Nous ignorons  en l’état de notre documentation si sa mission fut couronnée de succès,[123] ni à quelle date la situation fut rétablie. Nous avons évoqué le lien possible entre une nouvelle rédaction des statuts et cette situation administrative plus avant. Ajoutons que la reddition des comptes de la fabrique souffrait elle aussi de sérieux retard.

A quoi doit-on cette situation ? La gestion des finances de la charité devait être une activité prenante, à cela s’ajoutait sûrement la difficulté à faire rentrer les sommes dues dans des délais raisonnables. Doit-on aussi envisager un manque de compétences en matière de gestion financière ? Enfin le mélange entre les finances de la confrérie et personnelles, n’étaient pas simples à démêler  au moment de rendre les comptes. 

Devenir de la confrérie de charité à la Révolution.

Le 18 août 1792, les confréries sont interdites, néanmoins le registre paroissial de 1792 témoigne d’une activité jusqu’en décembre de la même année.[124] Les charitons de Bretoncelles ont-ils poursuivi leur activité au-delà ?  A la signature du Concordat le 8 avril 1802, les confréries sont rétablies. En l’état de nos recherches, nous ignorons si celle de Bretoncelles fut reconstituée.           

Conclusion.

Pendant plus de 120 ans, des hommes et des femmes, frères et sœurs servants de la confrérie ont consacré du temps, de l’énergie pour accompagner  leurs concitoyens et leur famille dans la mort. Ils ont aussi donné aux cérémonies qui ponctuent la vie religieuse  de la paroisse une ampleur plus grande. Lieu de sociabilité, de fraternité et de solidarité,  possédant une identité forte, la confrérie a marqué, sans aucun doute, le paysage social et religieux bretoncellois.



[1] Elisabeth Gautier-Desvaux Les charités et charitons dans le Perche ornais. L’exemple de Saint-Mard-de-Reno.  Cahiers percherons n° 192 2012.

[2] Fabienne Cosset   Confréries de charité en Normandie : enquête en Pays d'Auge  Caen Centre Régional de culture  ethnologique (CRéCET) 1999  http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37075747k

[3] Op.cit., p 7

[4] Ibid.,

[5] Bée Michel. Dans la Normandie entre Seine et Orne confrères et citoyens. In: Annales historiques de la Révolution française, n°306, 1996. pp. 601-615. DOI : 10.3406/ahrf.1996.2007 www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1996_num_306_1_2007

[6] Catherine Vincent  Des charités bien ordonnées. Les confréries normandes de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle Paris Ecole Normale Supérieure de jeunes filles 1988

[7] Bée Michel.  Op.cit.,

[8] Décrets des 13/11/1789, 10/2/1791, 18/8 et 19/9 1792 cités par Michel Bée Op.cit.,

[9] B.M.S 1669-9/1/1671 3NUMECRP61/EDPT493_21  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[10]Procès-verbaux de visites faites par Nicolas Lormeau, chantre de Saint-Jean de Nogent-le-Rotrou, et Jacques Lormeau, curé à la  de Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou, tous deux doyens ruraux du Perche, dans les paroisses de leur doyenné   G. 809. (Cahiers.) — In-folio, papier, 208 feuillets. 1644-1668. A.D.E.L

[11] Ibid.,

[12] B.M.S 1690-12/2/1692  3NUMECRP61/EDPT493_32  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[13] A.Leprince  La confrérie de charité de Bretoncelles à la veille de la Révolution Mémoire de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir. Tome XXI (1957-1961) Chapitre III « Des offices de la charité » art II p 331. Chartres 1961.

[14] « Celui qui entend l'ordre & la manière de procéder en Justice, & qui suit le Barreau. On appelle aussi Praticien, Celui qui fait les procédures qui concernent les petites Juridictions Seigneuriales. » Dictionnaire de L'Académie française, 4 th Edition (1762) http://portail.atilf.fr/cgi-bin/dico1look.pl?strippedhw=praticien

[15] 8/1/1669 B.M.S 1669-9/1/1671 3NUMECRP61/EDPT493_21  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[16] 22/4/1693 1692-22/2/1696 3NUMECRP61/EDPT493_33  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[17] 20/8/1695 1692-22/2/1696 3NUMECRP61/EDPT493_33  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[18] 20/10/1699 1696-1699 3NUMECRP61/EDPT493_34  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[19] 27/9/1726  1721-1729 3NUMECRP61/EDPT493_37_1  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[20] 23/11/1670 B.M.S 1669-9/1/1671 3NUMECRP61/EDPT493_21  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[21] Elisabeth Gautier-Desvaux Les charités et charitons dans le Perche ornais. L’exemple de Saint-Mard-de-Reno.  p 18  Cahiers percherons n° 192 2012.

[22] Ibid., p 8

[23] Elle est présente dans quelques inhumations à Bretoncelles et signalée dans les registres paroissiaux de Rémalard, par exemple en 1702.

[24] Les deux charités se retrouvent parfois lors d’enterrement dans les paroisses environnantes comme Vaupillon, St Victor-de-Buthon, St Eliph comme en témoigne les inventaires après décès. Jean Cerceau, bordager à St Victor-de-Buthon         3/3/1765 Etude Mousseau, notariat de La Loupe                 2 E 65/457 Guillaume Lecointre, bordager à Vaupillon          7/9/1772  Etude Mousseau, notariat de La Loupe 2 E 65/473

[25] A.Leprince  La confrérie de charité de Bretoncelles à la veille de la Révolution Mémoire de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir. Tome XXI (1957-1961) p 325-346. Chartres 1961

[26] Imprimerie de Fr Le Tellier, imprimeur du Roi, rue des Rois-Maillet, au Soleil d’Or Chartres 1787

[27] L’évêque précise qu’il s’agit du curé, du vicaire, du prévôt et confrères tant anciens que nouveaux, des gagers et habitants sous forme d’une pétition.

[28] A.Leprince  Op.cit.,p 326.

 

[29] G. 798. (Registre.)In-folio, papier, 44 feuillets.1713.Procès-verbaux des visites faites par Gaspard de Fogasse de La Bastie, grand-archidiacre, dans les paroisses de son archidiaconé. A.D.E.L

[30] Op.cit.

[31] G. 801. (Registre.) — In-40, papier, 84 feuillets. 1717. — Procès-verbaux des visites faites par Gaspard de Fogasse de La Bastie, grand-archidiacre, dans les paroisses de son archidiaconé. A.D.E.L

[32] Article IX, chapitre III  Op.cit.,p 333

[33] A.Leprince  Op.cit.,p 327

[34] Armorial de la province du Perche, 1696-1701 / publié par MM. le vicomte de Souancé et H. Tournoüer, d'après le Grand armorial de d'Hozier... Mortagne : Impr. de L'Écho de l'Orne, 1897-1903 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k651627

[35] Dans l’article XVI, XVII chapitre V « Des amendes » qui punissent d’une amende leur utilisation non conforme, en particulier pour se battre. 0p.cit., p 341, 342.

[36] Elisabeth Gautier-Desvaux « Les bâtons de processions sculptés et peints parfois surmontés d’une représentation du saint patron, comme c’est le cas à l’église Saint Laurent des Menus » Op.cit., p 14

[37] « Le chaperon est une sorte d'étole souvent richement brodée d'or et d'argent. Le motif brodé est propre à chaque confrérie. Le fond brodé est noir pour les offices funèbres, et de couleur pour les autres cérémonies ou processions. C'est la marque distinctive officielle du chariton en service d'Église. Il se porte obliquement, passé sur l'épaule gauche et noué sous le bras droit. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Confrérie_de_charité#Le_chaperon

[38] 18/5/1767 Etude Mousseau, notariat de Loupe.  2 E 65/461 A.D.E.L

[39] D’après l’article X chapitre II  Op.cit.,p 331

[40] Article I chapitre III « Des offices de la charité »  Op.cit.,p 331

[41] Articles V  et VI chapitre III  Op.cit.,p 332

[42] Deux de plus s’il s’agissait de l’échevin ou du prévôt.

[43] « Représentation se dit aussi absolument d'une forme de cercueil sur laquelle on étend un drap mortuaire. » Dictionnaire de L'Académie française, 4 th Edition (1762) http://portail.atilf.fr/cgi-bin/dico1look.pl?strippedhw=repr%E9sentation

[44] Articles I chapitre III  Op.cit.,p 331

[45] Articles II chapitre III  Op.cit.,p 332

[46] 16/8/1750  1750-1752 3NUMECRP61/EDPT493_39_1  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[47] A.Leprince  article V  Op.cit.,p 328

[48] Ibid.,

[49] Article I  Op.cit.,p 327

[50] Article III  Op.cit.,p 327

[51] Article V  Op.cit., p 327

[52] Soixante jours après Pâques.

[53] Article IV  Op.cit., p 327

[54] Article XI, chapitre II Op.cit., p 331

[55] Article II  Op.cit.,p 327

[56] D’après l’article I, II chapitre II « Des offices de chaque frère » Op.cit., p 328

[57] Ibid.,

[58] G 798, G 801 A.D.E.L Op.cit.,

[59] Article VI  Op.cit.,p 328

[60] Ibid.,

[61] Ibid.,

[62] Ibid.,

[63] D’après les articles III, IV, V, VI chapitre II « Des offices de chaque frère » Op.cit., p 329

[64] Nous n’avons pas trouvé de définition de ce terme. On peut penser qu’il s’agit soit d’une civière ou d’un brancard permettant de porter le corps plus facilement.

[65] D’après les articles IX, X, XII chapitre V « Des amendes »

[66] Article VII Op.cit.,p 330

[67] Article VIII Op.cit.,p 330

[68] Article IX Op.cit.,p 330

[69] D’après les articles VII, VIII, IX, chapitre III « Des offices de la charité » Op.cit.,p 332, 333.

[70] La Purification, l’Annonciation, l’Assomption, la Nativité, la Conception.

[71] Article IX, chapitre III Op.cit.,p 333.

[72] D’après les articles I, II, III, IV chapitre IV « De la sépulture et des convois des  défunts » Op.cit.,p 334 et suivantes.

[73] Ibid.,

[74] Cette obligation tombait si le défunt habitait à plus de trois lieues, soit 13,8 kilomètres, s’il s’agit d’une lieue du Perche. Dans ce cas, seuls les volontaires s’y rendaient. La suite de notre propos reprend en grande partie les éléments déjà publiés dans l’article évoqué ci-dessus, nous y avons ajouté des détails concernant plus spécifiquement l’inhumation des frères.

[75] Article XV, chapitre IV Op.cit.,p 338.

[76] A savoir trajet église logis 1 sol 6 deniers, enlèvement du corps  2 sols, convoi et service 5 sols chacun, convoi des parents 2 sols 6 deniers.

[77] Ceux qui s’injuriaient pendant une inhumation payaient 3 sols si cela n’avait pas dégénéré en dispute ou querelle.

[78] Article XIV, chapitre V Op.cit.,p 341.

[79] Segalen Martine. Rituels funéraires en Normandie [ Funeral Rites in Normandy.]. In : Archives de sciences sociales des religions, n°39, 1975. Évolution de l'Image de la Mort dans la Société contemporaine et le Discours religieux des Églises [Actes du 4e colloque du centre de sociologie du protestantisme de l'université des sciences humaines de Strasbourg (3-5 octobre 1974)] pp. 79-88. DOI : 10.3406/assr.1975.2768 www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1975_num_39_1_2768

[80] Op.cit.,p85.

[81] Ibib.,

[82] Article XIV, chapitre IV Op.cit.,p 338.

[83] Le remplacement pouvait aussi être son frère, son enfant, son domestique ou son commis gagé à l’année.

[84] Ibib.,

[85] 3/8/1699 B.M.S 22/2/1696-9/1/1699 3NUMECRP61/EDPT493_34  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[86] Le notaire précise qu’il n’y a pas de quittance pour cette dette.

[87] 18/5/1767 Etude Mousseau, notariat de Loupe.  2 E 65/461 A.D.E.L

[88] Bée Michel. Dans la Normandie entre Seine et Orne confrères et citoyens. In: Annales historiques de la Révolution française, n°306, 1996. pp. 601-615. DOI : 10.3406/ahrf.1996.2007 www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1996_num_306_1_2007

 

[89]  Yvette Petit-Decroix (Fondation du Patrimoine) et France Poulain. Le dire de l’architecte des bâtiments de France Les essentiels Service Territorial de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Haute-Normandie) Connais. n°107 –16 déc. 2013.

http://www.eure.gouv.fr/content/download/10582/61452/file/107%20L'organisation%20des%20charités%20de%20l'Eure.pdf

[90] Article VI  Op.cit.,p 328

[91] G 798(1713), G 801 (1717) Op.cit., A.D.E.L

[92] Quittance 28/3/1758, Inventaire après décès de Moche François, 31/1/1771 Etude Mousseau , notariat La Loupe 2E 65/470 A.D.E.L

[93] Quittance 15/10/1780, Inventaire après décès de François Prudhomme et Louise Fontaine, 9/3/1782 Etude Charpentier, notariat de Moutiers-au Perche 4E 184/347 A.D.O

[94] Quittance non datée, Inventaire après décès de Louise Neil , 20/4/1793 Etude Boullay, notariat de notariat La Loupe 2E 65/518 A.D.E.L

[95] 1/11/1690 B.M.S  1690 -12/2/1692 3NUMECRP61/EDPT493_32  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[96] 19/4/1707 B.M.S 1702-1709 3NUMECRP61/EDPT493_35-2  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[97] 3/8/1699 B.M.S 22/2/1696-1699 3NUMECRP61/EDPT493_34  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[98] François 18/8/1707  B.M.S 1702-1709 3NUMECRP61/EDPT493_35-2   Charles 27/8/1710 B.M.S 1710-1711 3NUMECRP61/EDPT493_36-1  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[99]25/3/1693 B.M.S 15/2/1692-22/2/1696 3NUMECRP61/EDPT493_33 A.D ORNE http://archives.orne.fr

[100] 20/1/1710 B.M.S 1710-1711 3NUMECRP61/EDPT493_36-1  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[101] Article V, chapitre III Op.cit.,p 336.

[102] Elisabeth Gautier-Desvaux Les charités et charitons dans le Perche ornais. L’exemple de Saint-Mard-de-Reno.  Cahiers percherons n° 192 2012.

[103] 14/4/1752 B.M.S 1752 3NUMECRP61/EDPT493_39_1  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[104] 3/3/1772 B.M.S 1772-1779 3NUMECRP61/EDPT493_41  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[105] 19/1/1681 B.M.S 1681-1685 3NUMECRP61/EDPT493_29  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[106] La rente étant assise sur le bien vendu, elle passait à la charge du nouveau propriétaire.

[107]  Vente par Anne Roseau veuve de Louis Creste à François Creste.  Enregistré le 9/6/1773 Registre de contrôle des actes, bureau de la Loupe, 2C 17NOT 33 A.D.E.L

[108] Vente par Marchand Michel père et fils à Martin Lheureux. Enregistré le 24/10/1770 Registre de contrôle des actes, bureau de la Loupe, 2C 17NOT 32. A.D.E.L

[109] Vente par Bourgeois Léonard à Joannet François veuve Aubert Jacques. Enregistré le 6/5/1770 Registre de contrôle des actes, bureau de la Loupe, 2C 17NOT 32. A.D.E.L. Une noue : « Terre grasse, marécageuse, utilisée comme pâture. (Dict. XIXeet XXes.) ». http://www.cnrtl.fr/definition/noue

[110] Vente par  Mathurin Meunier à René Florent, 28/10/1768 Etude Mousseau, notariat de notariat La Loupe 2E 65/464 A.D.E.L

[111] Inventaire après décès de  François Prudhomme, 28/10/1768. Etude Charpentier, notariat Moutiers-au-Perche. 4E 184/347 A.D.E.L

[112]21/7/1675 B.M.S 4/1/1675-18/12/1675 3NUMECRP61/EDPT493_25  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[113] 31/1/1771 Etude Mousseau, notariat de Loupe.  2 E 65/470 A.D.E.L

[114] Ibib.,

[115] 2/4/1771 Etude Mousseau, notariat de Loupe.  2 E 65/470 A.D.E.L

[116] Biens des cures, fabriques 1790 -1815  1 Q 939 A.D.O

[117] Maison manable se dit en Normandie, chez les notaires et sur les affiches, d'une maison d'habitation.

[118] Biens des cures, fabriques 1790 -1815  1 Q 939 A.D.O

[119] Inventaire après décès de Louise Neil, 20/4/1793 Etude Boullay, notariat de notariat La Loupe 2E 65/518 A.D.E.L

[120] C 1289 A.D.O

[121] G. 798. (Registre.)In-folio, papier, 44 feuillets.1713.Procès-verbaux des visites faites par Gaspard de Fogasse de La Bastie, grand-archidiacre, dans les paroisses de son archidiaconé. A.D.E.L

[122] G. 801. (Registre.) — In-40, papier, 84 feuillets. 1717. — Procès-verbaux des visites faites par Gaspard de Fogasse de La Bastie, grand-archidiacre, dans les paroisses de son archidiaconé. A.D.E.L

[123] En poste depuis 1716, Gilles Julienne décède le 29 décembre 1724 à l’âge de 34 ans. B.M.S 2/3/1721-1729 3NUMECRP61/EDPT493_37_1  A.D ORNE http://archives.orne.fr

[124] Il s’agit du dernier acte du registre. Inhumation de Marie Anne Marette, 3 ans, le 21 décembre 1792. B.M.S 1788-1792 3NUMECRP61/EDPT493_43_2  A.D ORNE http://archives.orne.fr

 

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