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Bretoncelles : une paroisse du Perche du XVII au début du XIX siècle.
30 décembre 2020

Les maréchaux-ferrants bretoncellois : contribution à l’étude d’un groupe social 1658-1850.

Après nous être penchés sur les laboureurs tuiliers et les ouvriers du fer,[1] nous allons nous intéresser à un personnage central de la société  rurale, le maréchal-ferrant ou plutôt  le maréchal, tout simplement, car c’est sous cette appellation qu’il figure dans nos sources. Plusieurs familles bretoncelloises comme les Haye, les Festu (Fettu) ou les Dutartre, fidèles à la tradition d’endogamie professionnelle de l’époque, nous servirons de fil conducteur. A travers les documents dont nous disposons les concernant, ainsi que quelques-uns de leurs collègues des environs, nous essaierons de saisir leur cadre de vie, leur situation financière, leur travail   et la place qu’ils occupaient dans la communauté villageoise. Mais préalablement, nous allons brièvement retracer l’évolution du statut de maréchal dans la société d’Ancien Régime.

Petit historique d’un métier.[2]

C’est avec l’usage de la ferrure à clous au Moyen-âge qu’apparaissent les premiers ateliers de maréchaux-ferrants. Ces derniers obtiennent leur propre statut en 1463. La transmission du métier se fait uniquement par la pratique, il n’existe pas d’enseignement théorique. Avec l’évolution du métier, le maréchal-ferrant acquiert le droit de servir d’intermédiaire dans la vente des chevaux et de les soigner.

 « Le parfait mareschal » de Jacques de Solleysel.

En 1664, Jacques de Solleysel fait paraître « Le parfait mareschal », « un manuel pratique destiné aux maréchaux considérés comme ignorants par Solleysel à l’époque. » Si la maîtrise  de l’écrit semble attestée, à travers une signature aisée, chez des maréchaux bretoncellois comme Nicolas Haye père et fils, comme nous le verrons plus loin, il est peu probable que cet ouvrage fut connu à Bretoncelles et dans les environs.

Sans titre

 Solleysel. Le parfait maréchal qui enseigne à connoistre la beauté, la bonté et les deffauts des chevaux, ensemble un traité du haras Paris : Gervais Clousier, 1674.[3]

 Claude Bourgelat et la première école vétérinaire.

«  La santé des chevaux était […] confiée à des gens peu instruits utilisant des recettes transmises dans un milieu fermé et relevant souvent plus de la magie que de la médecine » Claude Bourgelat comprit qu’il était important de changer les pratiques vétérinaires et, malgré les oppositions, il réussit à convaincre les autorités du bien-fondé de ses démarches. En 1761, il obtint l’autorisation d’ouvrir une école consacrée à l’étude des maladies de tous les animaux afin de désamorcer l’opposition des maréchaux-ferrants. En 1762, la différence entre les métiers maréchaux-ferrants et vétérinaires devint effective. Le maréchal-ferrant perdit son statut de soigneur.  Il est néanmoins certain que dans les campagnes, ces derniers continuèrent pendant de nombreuses années à pratiquer des soins, dans la mesure où la présence de vétérinaire faisait défaut. En effet, bien que l’on ait assisté en 1761 à la création de la première école vétérinaire à Lyon puis en 1765 à celle de Maison-Alfort, toutes les deux sous la direction de Claude Bourgelat et avec le soutien d’Henri Léonard Bertin, contrôleur général des finances de Louis XV, il fallut bien des années pour qu’un maillage de vétérinaires couvre l’ensemble du territoire.

Les maréchaux bretoncellois  1661 - 1850

Nous allons dans ce chapitre présenter les différents maréchaux qui ont œuvré à Bretoncelles pendant près de 200 ans. Les sources nous permettent de remonter jusqu’au milieu du XVIIsiècle. Dans plusieurs cas, il s’agit d’histoires familiales, témoignant d’une forte endogamie, comme nous l’avons déjà évoqué, dans ce blog, avec les Sagot,[4] des meuniers ou les Friche et les ouvriers du fer, et découlant du mode de transmission du métier par la pratique, mais aussi de la nécessité de posséder un lieu d’exercice : la boutique comme il est qualifié dans les inventaires après décès et  bien sûr des outils. Outre l’évocation des Haye, des Dutartre, des Festu et à nouveau des Dutartre, nous avons dressé une liste de maréchaux repérés dans les rôles de taille et les registres paroissiaux. En général, il s’agit souvent d’une simple mention, à un moment donné. Nous n’avons pas d’éléments directs permettant de dire s’ils étaient à leur compte ou oeuvraient comme compagnons, mais dans un certain nombre de cas le montant de leur imposition permet de trancher. De fait, nous ignorons le nombre de boutiques ou forges existantes à Bretoncelles. Concernant les familles les mieux documentées, nous avons pris le parti d’une présentation chronologique ce qui explique que nous évoquerons par deux fois les Dutartre.

Nicolas Haye, père et fils : 1658 -1728.

Nicolas Haye père  dispute à Mathurin Dutartre le titre de maréchal le plus ancien de notre étude. Il est le fils de René et Marguerite Guillin. Il naît aux alentours de 1632, d’après son âge au décès. En 1656, il épouse Françoise Dumesnil, fille de Pierre un huissier et de Marquis Françoise.[5] En 1658, il est noté maréchal à la naissance de sa fille Marie.[6] On peut suivre son parcours professionnel à travers les paroissiaux et les rôles de taille. Sa carrière débute donc à minima en 1658 et se poursuit au moins jusqu’en 1707 comme l’atteste le rôle de taille de cette année[7] voire  jusqu’à son décès en 1715 [8] à 83 ans, soit au moins une cinquantaine d’années d’exercice. La relève est assurée par son fils Nicolas, né en 1664, [9] on peut penser qu’ils travaillèrent ensemble, car le père et le fils figurent dans le rôle d’imposition de 1707. Nicolas le jeune prit la succession de son père dans la boutique au cours des dernières années de la vie de ce dernier. Nicolas le jeune fut marié deux fois tout d’abord avec Michelle Acquesse en 1688 [10]  décédée en 1720[11] puis  avec Françoise Avelon. Nicolas meurt en 1728 à 64 ans,[12]quelques mois après sa seconde épouse. Ils furent tous deux inhumés dans l’église de Bretoncelles.

Nous reviendrons sur Nicolas Haye le jeune, car nous disposons de son inventaire après décès, ce document est d’ailleurs à l’origine de cette étude. 

Mathurin et Simon Dutartre : père et fils 1661- 1707.

Mathurin Dutartre est contemporain de Nicolas, marié à Nicole Rabouin, sa qualité de maréchal est attestée par l’acte de mariage de leur fils Simon en 1661 avec Jacqueline Rivet.[13] Nous n’avons pas d’autres éléments le concernant hormis que le couple eut au moins deux autres enfants Christophe, présent lors de plusieurs évènements familiaux et Marie.[14] C’est Simon,[15] qui nous intéresse, son statut de maréchal est connu grâce aux rôles de taille de Bretoncelles en 1681, il est confirmé en 1696 lors du mariage de son fils Thomas avec Louise Briere à Moutiers-au-Perche,[16] enfin il figure sur le rôle d’imposition de Bretoncelles en 1707.  Au-delà, nous perdons sa trace, il est possible qu’il ait rejoint l’un de ses enfants installés dans une autre paroisse. En effet, la vie des fils de Simon et Jacqueline Rivet va se dérouler hors de Bretoncelles. Thomas, déjà évoqué, est connu comme manœuvre à Moutiers-au-Perche. [17] Ses deux frères, Simon (le jeune) et Marin vont perpétuer la tradition familiale de la maréchalerie. Marin vit à Tardais en Eure et Loir [18] lorsqu’il épouse en 1703,[19] Jeanne Violais à La Bazoche-Gouet, [20] il est noté compagnon maréchal. En 1720, on le retrouve à Moutiers-au-Perche lors de son remariage avec Marguerite Louveau, sa profession est maréchal, sa vie semble se dérouler dans cette paroisse.[21]C’est aussi à La Bazoche-Gouet  que Simon[22] se marie ou remarie en 1706 avec Madeleine Coulon, [23] lui aussi est noté compagnon maréchal. Nous savons qu’il décède, peu après,  non loin de là, à Gault-du-Perche dans le Loir et Cher.[24]

 René Festu et ses fils : 1746 - 1785

René Festu est originaire  de Coulonges-les-Sablons où il naît en 1714. C’est le fils de Michel  un boisselier ou sceaulier et de Jeanne Renault.[25] Il épouse en 1746 Anne Bouillie, fille d’un marchand mercier bretoncellois et d’Anne Catherine Bisnoit Dumesnil.[26] Nous reviendrons ultérieurement sur cette union. Agé de 32 ans, lors  du mariage, René exerce comme maréchal depuis  déjà un certain temps, probablement à Rémalard, car c’est dans cette paroisse que sont publiés les bans du mariage.  La « vocation » de maréchal de René est peut-être à chercher du côté de sa sœur Louise, née treize avant lui. En effet cette dernière épouse en 1720 à Coulonges-les-Sablons Mathurin Amiot, fils d’un maréchal de cette paroisse. On peut envisager que René a appris la maréchalerie au côté de son beau-frère.  Notons que le couple Amiot Mathurin/ Festu Louise eut au moins trois fils Denis, Mathurin et Joseph, tous trois maréchaux le premier à Coulonges-les-Sablon, le second à Saint-Germain-des-Grois, nous ignorons le lieu d’exercice du  troisième. [27] René Festu et Anne Catherine Bisnoit Dumesnil eurent au moins quatre enfants. Le premier Michel mourut à 14 ans. [28]Jean-Baptiste et René Thomas furent aussi maréchaux. Ils exercèrent vraisemblablement avec leur père dans la forge située dans le bourg de Bretoncelles. Ils moururent jeunes, Jean-Baptiste à 26 ans en 1776, il était célibataire [29]et René Thomas en 1785 à 37 ans, [30] il avait épousé Anne Françoise Heppe. Le quatrième fils Jean René entra, quant à lui dans les ordres, il est signalé prêtre vicaire à « St Lazard » au décès de son père puis à « Leves  les chartres » lors de l’inhumation de sa mère. René Festu est attesté comme maréchal à Bretoncelles de 1746 aux environs de 1780 date de son décès à 68 ans, à cette date il est noté « maître Rene fettu  ancien marechal »[31] soit une trentaine d’années passées dans la forge. Son épouse, quant à elle, meurt en 1782 à l’âge de 61 ans.[32]

 Les Dutartres : 5 générations de maréchaux bretoncellois 1729- vers 1855.

 Avec la seconde famille Dutartre, nous sommes en présence d’une véritable « dynastie » de maréchaux ; les générations vont se succéder dans la boutique familiale si l’on prend comme hypothèse que père, fils et frères travaillaient de concert ou dans deux lieux distincts si les deux fils de Pierre avaient chacun leur établissement. L’arbre simplifié ci-dessous, axé en priorité sur l’endogamie  professionnelle, permet de visualiser les différentes générations qui ont ancré les Dutartre dans la maréchalerie. Nos relevés dans les registres paroissiaux et d’état civil de Bretoncelles nous [33] ont permis de reconstituer cette généalogie. Cependant, il ne nous a pas été possible d’établir un lien entre les deux familles Dutartre présentées, peut-être qu’il n’en existe pas ?  A l’origine de cette famille se trouve Pierre Dutartre, un boulanger né à Coulonges-les-Sablons. Trois de ses fils, Pierre,  Jean et Etienne seront maréchaux. Un doute existe sur Pierre né en 1695,[34] si la filiation est attestée, nous savons peu de choses sur lui. Un indice plaide pour une activité de maréchal : la présence d’un Pierre Dutartre  dans le rôle de taille de 1707 où figure aussi son frère Jean.  Au-delà de cette date, Pierre disparaît ensuite de notre documentation. Intéressons-nous maintenant à Etienne, il épouse Magdeleine Morice. Le couple eut au moins un fils prénommé aussi Etienne, il est noté garçon maréchal, probablement chez son oncle Jean,[35] présent à son mariage avec Charlotte Sagot, fille d’un charpentier en 1757.[36] Par la suite, on le retrouve comme compagnon cloutier. C’est avec l’autre fils de Pierre, Jean, que la tradition familiale de la maréchalerie va prendre son essor. Avec son épouse Elisabeth Bruslard, nous leur connaissons trois fils, nous reviendrons ultérieurement sur Innocent qui va entrer dans les ordres, les deux autres Jean et Pierre seront maréchaux, si la carrière  de Jean qui avait épousé une fille de maréchal fut brève, il meurt à 30 ans, son frère Pierre eut avec Marie Louise Gasdon, parmi ses enfants, trois fils : Jean, Jacques Denis et Pierre qui furent eux aussi maréchaux. Ils vont perpétuer avec leurs descendants la tradition familiale au XIX siècle. Le premier avec son fils Jean Hypolite, le second avec son fils portant le même prénom naît de l’union avec Marie Lapierre et  leur fils Antonin Désiré. Le troisième, Pierre, quant à lui fit sa vie à Moutiers-au-Perche comme nous le verrons plus loin. Enfin, signalons la présence de Jules Marc Ignace lui ausssi maréchal, mais que nous n’avons pas pu rattacher aux autres.[37] Comme on peut le constater, pas moins de cinq générations pour une branche et 4 pour l’autre se sont succédées sur au moins un siècle à Bretoncelles dans la maréchalerie. A travers  l’histoire de cette famille, on retrouve aussi deux grands bouleversements ayant marqués la vie des campagnes françaises au XIX e siècle. Le premier  touche Jean Philippe, fils de Jacques Denis et Marie Lapierre, il quitte Bretoncelles à la fin des guerres de l’Empire napoléonien en étant incorporé le 5 mai 1813 au 108régiment de ligne, nommé caporal en juin, il mourra bien loin de Bretoncelles en 1816, des suites de fièvres à l’hôpital d’Anvers.[38] Pour le second, il s’agit des mouvements de population au cours de ce siècle, il concerne les enfants de Jean Hippolite et Marie Lefebvre, deux  fils seront quincailliers, Arsène Vital Ferdinand à Saint-Germain-Laye, Julien Victorien à Châteauroux. Leur fille, Marie Margurite épousera en 1851, un notaire de Saint-Julien dans le Jura, c’est là qu’elle décédera.

 

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D’autres maréchaux bretoncellois.

Dans le tableau ci-dessous, nous avons noté les maréchaux que nous connaissons ayant exercé au XVII e siècle à l’exception de Simon Dutartre et Nicolas père, déjà évoqués. Nous reviendrons ultérieurement sur leur cas dans le chapitre niveau de vie.

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Au cours de nos recherches, pour les deux siècles suivants, d’autres maréchaux bretoncellois sont apparus, comme Jean Langlois, en 1764, [39] pour eux  nous avons plus ou moins d’éléments. Nous ignorons s’ils disposaient d’une boutique ou travaillaient comme simples compagnons voire garçon en apprentissage. Cette dernière possibilité semble être le cas de René Robillard, parrain de Jean Dutartre, fils de Jean et Marie Gasdon en 1766. [40] Son statut de garçon maréchal attesté est dans l’acte de baptême,  est-il en formation chez le père de son filleul ou s’agit-il d’un ami de la famille ? Cette mention est la seule  que l’on dispose le concernant. 

Autre garçon maréchal en la personne d’Henri Vasseur, il vit à Rémalard lorsqu’il épouse en 1748 à Bretoncelles, la veuve d’Adrien Dezandez, un cordonnier.[41] Il est présent dans la paroisse entre son mariage et 1753 d’après le rôle de taille de Bretoncelles.[42] Nous ignorons son devenir au-delà.

François Tribotte dit la corne est quant à lui présent de 1780, date de son mariage avec Magdeleine Sorand[43] et 1790 où il figure dans le rôle de taille. Originaire de Châteaudun, il est domicilié à La Madeleine Bouvet lors de son mariage, son statut est compagnon maréchal, ce qui est cohérent avec le montant de son imposition 2 livres 5 sols, lui confère  un niveau pouvant être qualifié de gêné.[44] Il habite à La Godefraise. 

François Toutry, nous est connu par le mariage de son fils en 1791[45] avec Marie Magdeleine Rousseau, une fille de laboureur. Il est originaire de Saint-Victor-de-Buthon. Nous ignorons sa date d’arrivée à Bretoncelles, avant 1790, car il figure aussi sur le rôle de taille de cette année. Il habite aussi la Godefraise, avec 12 sols d’imposition, il est classé dans les pauvres. Nous ne savons pas s’il resta longtemps à Bretoncelles, ses deux fils Pierre Lubin et François seront maréchaux. Pierre Lubin meurt à Bretoncelles en 1803.[46] Originaire de Coudreceau (Orne), François Ménager  arrive à Bretoncelles en 1799,[47] peut-être comme compagnon. En 1803, il épouse Marie Louise Haye.[48] En 1805, lors du recensement, il habite aussi La Godefraise, a un employé.[49] Il quitte Bretoncelles à une date inconnue car nous savons qu’il décède à Nogent-le-Rotrou en 1830. Son frère Jacques était maréchal à Saint-Victor-de-Buthon.

 Le cas de Pierre Richardeau : maréchal ? laboureur ? ou les deux ?

 Pierre Richardeau appartient à une importante famille de laboureurs bretoncellois, il est le fils de Pierre et Marie Tomblaine, laboureur à Fontaine-Simon. Pendant une période sa vie, il va déroger à la tradition familiale, délaissant le travail de la terre pour celui du fer à moins qu’il n’ait mené, comme dans de nombreux cas, ces deux activités de front. En  1778, lors du règlement de la succession de sa mère, Marie Tomblaine, il est qualifié de compagnon maréchal. [50] En 1790,  Il figure dans le rôle de taille comme maréchal s’acquittant d’une imposition de 11 livres 6 sols,[51] il meurt en juillet 1790[52] aux Bordes, son acte de décès signale qu’il est maréchal à La Godefraise. Quelques mois plus tard a lieu son inventaire après décès à son domicile aux Bordes.[53] Ce dernier, que nous n’étudierons dans le détail, car ce n’est pas celui d’un maréchal,  interpelle, le montant du mobilier s’élève à 1 880 livres, comprenant entre autres 4 vaches, un veau, quatre génisses et trois chevaux. Les dettes actives, malheureusement pas assez précises se montent à 447 livres et passif au minimum à 422 livres, l’ensemble correspond à l’inventaire d’un laboureur aisé à Bretoncelles. Aucune trace d’un quelconque indice d’activité de maréchalerie, à La Godefraise où Pierre est censé exercer cette activité, il possède une grange contenant à cette date des réserves de grains pour près de 210 livres. Alors Pierre Richardeau travaillait-il encore comme maréchal à son décès, mais sans être propriétaire d’une boutique ?  Ses biens aux Bordes étaient-ils  gérés par  des membres de sa famille, signalons qu’il était célibataire. Maréchal ? laboureur ? les deux ? Une chose semble acquise il est reconnu tant par le prêtre qui rédige son acte de décès que par les collecteurs de la taille comme maréchal ajoutons qu’il ne figure aucune profession le concernant dans son inventaire.

 La situation en 1805 ; trois maréchaux en exercice.

 En 1805, lors du recensement, on compte trois maréchaux à Bretoncelles : François Ménager, déjà évoqué, Simon Bignon, âgé de 25 ans, originaire de Longny d’où il arrive en 1801. Et Jean Dutartre marié à Marie Mace, il habite le bourg et emploie un compagnon et un domestique.

Les maréchaux : transmission et mobilité

 Charles Rousseau, Pierre Dutartre et Mathurin Amiot : transmission du  métier et de l’outil de travail .

 Les Rousseau maréchaux  de père en fils [54]

Comme pour de nombreux métiers, l’apprentissage se fait souvent au sein de la famille, entre autre de père en fils, mais pas uniquement, il s’accompagne parfois d’une transmission de la boutique. Quittons Bretoncelles, pour illustrer ce fait avec Charles Rousseau, un maréchal de Saint-Eliph et son fils René.  En 1790, Charles Rousseau meurt,[55] quelques mois près, il est procédé à l’inventaire après décès. Ce document nous permet d’apprendre que René travaillait avec son père depuis l’âge de seize en « qualité de compagnon maréchal ». René étant né en 1753, [56]c’est en 1769 qu’il commence son apprentissage. Au décès de son père, cela faisait 21 ans qu’il  oeuvrait avec ce dernier sans salaire. C’est ce fait qui justifie que René, lors du partage de la succession, obtient la possession des outils de la boutique d’une valeur de 120 livres « ainsi que toutes les marchandises de fer vieux ou neufs fabriquées ou non fabriqués étant dans la boutique »  d’une valeur de 306 livres et « pour [lesquelles] il n’a pas de compte à rendre attendu que d’un commun accord les autres héritiers estiment que cela lui revient en compensation des salaires qu’il aurait pu demander et prétendre pour avoir servy ledit defunt pere en qualite de compagnon marechal depuis son age de seize ans jusqu’à present » Outre le juste dédomagement salariale, on peut penser que sa mére et ses deux sœurs étaient attachées à ce que leur frère poursuive l’activité du mari et père, ajoutons que c’était probablement ce que souhaitait ou avait anticipé ce dernier. Charles Rousseau louait la maison où se trouvait la boutique, son fils reprit le bail, prit en charge sa mère. [57]

Pierre Dutartre maréchal par alliance matrimoniale ?

Un autre exemple concerne le fils d’un maréchal bretoncellois Pierre Dutartre fils de Pierre et Marie Gasdon. En 1785, il épouse Anne Louise Cochon à Moutiers-au-Perche, fille de Michel, maréchal de ce lieu veuf depuis 1776.[58] Michel meurt 18 jours avant le mariage[59] le 31 décembre 1784.[60] Pierre Dutartre a sûrement repris la boutique de son beau-père, car on sait qu’il fit sa vie à Moutiers-au-Perche. Il est probable que cette continuité était prévue, dans un premier temps le gendre devait travailler à son beau-père, le couple s’installant à demeure Anne Louise  continuant probablement son rôle de maîtresse de maison. Le décès de Michel Cochon à 50 ans amena Pierre Dutartre à prendre la succession de ce dernier beaucoup plus tôt que prévu. Deux autres indices vont dans le sens de cette interprétation, le couple Cochon ne semble pas avoir eu de fils, on lui connaît trois filles, d’autre part, Anne Louise lors de la signature du contrat de mariage, dont nous reparlerons, apportait la somme conséquente de 1 400 livres, [61]on peut penser que la boutique participait pour une partie de cette somme. Cet exemple appelle une autre remarque, il est possible que Pierre Dutartre, même s’il s’initia dans la boutique parternelle, ait été mis en apprentissage chez Michel Cochon et peut-être même que l’union avec Marie Louise et l’installation de Pierre à Moutiers-au-Perche fut programmée par les deux familles. En effet, il y avait déjà trois Dutartre maréchaux à Bretoncelles, le père et les deux frères de Pierre et peut-être pas assez de travail pour tous.

Ces deux cas de transmission d’un savoir-faire professionnelle et d’une boutique n’étaient  certainement pas uniques. Gageons que l’exemple Charles Rousseau se retrouva entre Nicolas Haye père et fils, Mathurin et Simon Dutartre ou chez les Festu. Quant à celui de Pierre Dutartre, il n’a sûrement rien d’exceptionnel.

 Mathurin Amiot : la transmission de l’outil de travail  à son  fils et son gendre.

 Dans le cas de Mathurin Amiot, l’inventaire de Louise Fettu, sa veuve, décédée à Coulonges-les-Sablons en 1772, nous apprend qu’outre son fils Joseph exerçant à Condé-sur-Huisne, une des filles Jeanne avait épousé un maréchal Pierre Vignette, le couple vivant à Dorceau. Dans le document, il n’est nullement question d’objets concernant la maréchalerie. L’hypothèse  qu’une transmission des outils s’est faite au profit du fils et du gendre, par le biais de son épouse, dans le cadre d’une démission de Louise Fettu au profit de ses enfants peut être envisagée. La modicité de la succession de Louise, le patrimoine brut se monte à 135 livres pour un passif de 117 livres pourrait plaider dans ce sens, mais cela reste une supposition. [62]

 Maréchaux et mobilité professionnelle : l’exemple bretoncellois.

 A l’instar d’autres  professions artisanales tributaires de la situation économique, les maréchaux ayant le statut de compagnon vivent une mobilité choisie ou subie. Si l’on se base sur l’exemple bretoncellois, hormis quelques familles bien établies comme le Dutartre, nombreux sont ceux qui apparaissent dans notre documentation de façon épisodique. On peut bien sûr imputer, cette situation à un biais lié aux sources. Néanmoins, les registres paroissiaux permettent, au moins pour Bretoncelles, car nous avons un relevé systématique entre 1700 et 1793 de le pallier en partie, et ce même si les professions ne sont pas toujours indiquées. De fait, on peut envisager que les maréchaux qui disparaissent de nos radars sont tout  simplement partis travailler ailleurs ou ont changé de métier. D’autre part, on a vu que les maréchaux qui ont exercé à Bretoncelles ne sont pas tous natifs de la paroisse, à cet égard on a l’impression qu’il existe un sorte de connexion entre Bretoncelles et Saint-Victor-de-Buthon. Cette paroisse revient plusieurs fois dans notre documentation. Outre François Toutry, originaire de ce lieu ou le frère de François Ménager qui y exerce, nous connaissons deux maréchaux de Saint-Victor-de-Buthon qui  viennent convoler avec des Bretoncelloises.[63] Existait-il des liens particuliers au niveau des deux paroisses dans le domaine de la maréchalerie, le faible nombre d’exemples ne permet pas de répondre de façon catégorique.

 Cadre de vie et activité professionnelle des maréchaux.

Après avoir fait un recensement, probablement incomplet des maréchaux ayant œuvré à Bretoncelles, nous allons nous pencher sur leur cadre de vie et leurs activités professionnelles.

 Cadre de vie d’un maréchal au début du XVIII : le cas de Nicolas Haye fils.

Peu de temps après le décès  de leur père, les héritiers de Nicolas Haye, à savoir, Jacqueline Septier veuve de Jean Haye, tutrice de ses deux enfants et Marie Haye épouse Jacques Piedgare, un taillandier, tous deux domiciliés, paroisse Saint-Hilaire à Nogent-le-Rotrou, firent procèder à l’inventaire après décès. Ce document nous permet d’appréhender l’univers matériel d’un maréchal au début du XVIII e  siècle. [64] Nous porterons notre regard sur les éléments essentiels ou illustrant un certain niveau de niveau de vie.  A la cheminée, outre les trois chaudrons et un même nombre de marmittes, nous notons la présence d’un grill, de trois broches à rôtir, d’une petite rotissoire (à pain ? )  ainsi qu’une cloche à faire cuire les fruits et d’un gauffrier. A cela venait s’ajouter quelques objets en cuivre jaune : une passoire, une écumoire, un chandelier et une chaufrette.  La vaisselle en étain commun pesait cinquante quatre livres pour une valeur de 32  livres. Le linge de maison était stocké dans une paire d’armoire. Il se composait de dix draps, sept serviettes, trois nappes et quatre « essuys mains » considérés comme à demi usés pour une valeur de 19 livres 10 sols. Une table ovale en poirier, une huche en noyer et cinq chaises complètaient le mobilier pour une valeur totale de 30 livres. Le lit principal avec ses deux oreillers carrés et son surtout (rideaux ?) de serge jaune était estimé à 60 livres. Les différents rembourrages étaient en plume d’oye pour un poids de 95 livres. [65] Dans le vestiaire de Nicolas Haye, on trouvait : huit chemises de toile de brin et commune, « un manteau de serge de treme d’étain, doublé de petite serge brune » […]« un justacorps de treme d’étain brun, veste d’étamine meslée et l’autre de drap blond, […] avec trois culottes une d’etamine noire, une de panne et lautre de droguet trois paires de bas, deux chapeaux, trois perruques […] et « deux mauvaises paires de soulliers ». L’ensemble avec un reliquat de vêtements de sa défunte épouse était estimé à 44 livres dont 12 pour le manteau.La maison occupée par Nicolas Haye et sa famille comportait aussi une petite chambre où se trouvait un couchage sommaire, peut-être pour un domestique ou un compagnon maréchal logé à demeure, un coffre et une paire d’armoire. Attenante à la maison se trouvait la boutique où exerçait le maréchal, elle renfermait les outils dont nous reparlerons dans un chapitre spécifique. Au bout de cette dernière, on trouvait un clos à chanvre.

La lecture de l’inventaire de Nicolas Haye révèle un niveau de confort tout à fait satisfaisant pour l’époque. Cette impression se confirme à la lecture d’autres documents du même genre pour d’autres catégories sociales comme les laboureurs. Nous aurons l’occasion ultérieurement de vérifier, à travers un chapitre sur le niveau de vie,  si cette impression d’aisance de Nicolas Haye, mais aussi d’autres  maréchaux se vérifie. Mais il convient tout d’abord de pousser la porte des boutiques pour « voir » les maréchaux au travail.

Le maréchal  dans sa boutique

Le lieu d’exercice du maréchal, (même si l’on n’évacue pas la possibilité d’intervention sur place),[66]  est sa boutique comme le note les notaires, ce qui correspond pour nous à la forge.[67] Nous allons dans un premier temps présenter ce que l’on trouvait à l’intérieur de ce local puis nous nous interesserons à l’activité de maréchalerie.

 Les outils

La liste des outils utilisés par Nicolas Haye fils est la plus complète dont nous disposons, nous la reproduisons avec quelques explications ou hypothèses lorsque cela peut s’avérer nécessaire. 

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Dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, nous trouvons un certain nombre de dessins présentant les outils du méréchal, nous en avons reproduit quelques-uns ci-dessous. [74]

 

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Chez Etienne Jolly  à La Madeleine-Bouvet,  on trouvait une enclume et un soufflet valant 45 francs, une meule à 85, les six marteaux de différentes tailles et des tenailles valaient 15 francs. Michel Lochon de Moutiers-au-Perche possedait une enclume et un bigorne estimés à 110 livres, deux soufflets, l’un monté, l’autre non pour 177 livres, un ensemble de marteaux et tenailles pour 33 livres 12 sols enfin deux meules avec 7 poids de fonte de différentes masses prisées 50 livres. [75]

 Les matières premières

 Nous avons des éléments sur ce point chez Etienne Jolly qui possedait « 15 cents de fer dont 12 cents de maréchal »dans sa cave pour une valeur de 372 livres, encore non réglés. Chez Lochon, on trouvait 446 livres de fer « à chenet » valant 6 sols 6 deniers la livre soit 144 livres 17 sols et 9 deniers, plus 93 livres « de fer à employer » à 4 sols la livre soit 18 livres 11 sols. Les maréchaux se procuraient cette matière première auprès de marchands de fer ou directement auprès des forges de la région comme Charles Rousseau de Saint-Eliph à Dampierre.

Le combustible

 Les forges fonctionnaient au charbon, il y en avait 100 sacs chez Lochon pour une valeur de 225 livres et 20 sacs chez Jolly pour 40 livres, enfin Nicolas Haye en possedait environ deux poinçons. On peut envisager que l’approvisionnement était local, les charbonniers ne manquant pas dans la région comme nous l’avons évoqué dans notre contribution sur les ouvriers du fer dans ce blog.

Valeur de la boutique dans le mobilier.

 Comme on peut le constater sur le tableau ci-dessous, la boutique pése plus de la moitié des mobiliers. L’investissement tant dans les outils que pour l’achat des matiéres premières et du combustible est conséquent. Nous avons  calculé le poids des principaux postes, on peut constater que les situations sont très différentes selon les cas. 

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Ferrer les chevaux, mais pas seulement.

 Les sources  directes sont peu causantes sur la nature des travaux exercés par les maréchaux. Les intitulés des dettes passives se contentent des termes pour « ferrures et ferronneries », « forgerures », « ferruer et ferrage » ou plus classiquement « pour ouvrage de son métier » Néanmoins, l’inventaire de Lochon nous renseigne indirectement sur la production de produits finis. La présence de « fer à chenet » permet de penser qu’il en commercialisait. Les estimateurs relevérent aussi la présence de socs, probablement de charrue, valant 15 livres 17 sols, de trente-six livres et demi de « crocq a foin » pour 13 livres 13 sols, de dix bêches montées pour 22 livres 10 sols et treize autres « pretes à etre mette dans leur bois » pour 21 livres 9 sols, trois cognées et cinq serpes pour 17 livres. La présence de deux meules pour rémouler les haches et les serpes ainsi qu’une chez Jolly est un autre exemple de l’activité des maréchaux. Nicolas Haye fils posait des bandages de roue et avait peut-être une activité de serrurier. On le voit outre le ferrage des chevaux, la production de petits outils agricoles relevait du maréchal de même que des pièces de fer pour les portes et les fenêtres. Certains comme Jolly n’hésitaient pas à diversifier leur production, ce dernier possedait en effet une « place de cloutier » Les dettes passives n’étant pas assez précises nous avons peu d’éléments sur le prix des fabrications. Nous savons que Charles Guerin, un journalier  devait, en 1785, 3 livres 12 sols pour une bêche et une houe,[76] Charles Guerin,  un tailleur d’habits était redevable de  14 sols pour des « pantures »[77] en 1778[78]

Nicolas Haye : une activité de soigneur ?

Nous n’avons pas trouvé de trace directe d’intervention d’un maréchal en tant que soigneur hormis cet intitulé d’une  dette passive dans un inventaire après décès « et avoir pense différents chevaux »[79] que l’on peut comprendre dans le sens de pansement sur une plaie  plutôt que le pansage après une activité physique. Quelques indices  de cette activité se trouvent dans la panoplie des outils de Nicolas Haye comme la présence de pas d’âne, associé aux morailles qui nous permettent de savoir qu’il pratiquait des soins dentaires. Si nous n’avons pas de trace de « brûle-queue servant à arrêter le sangs des artéres lorque l’on sectionne la queue », la présence d’un coupret (couperet) et de billots ? pourrait laisser entendre qu’il pratiquait cette opération, la cautérisation se faisant de manière plus « artisanale ».  Parmi les autres outils absents, signalons la renette, « un couteau repliée formant une gorge coupante et qui sert à tailler le sabot du cheval, à entamer la corne du pied malade »[80]. L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert signale aussi parmi les instruments de chirurgie les plus usités dont doivent souvent se servir les maréchaux : des sondes, des bistouris, des lancettes, des seringues et autres. Rien de tout ça dans les boutiques de nos maréchaux, ont-ils échappé aux estimateurs ? Enfin quant aux éventuelles potions comme des vermifuges, s’ils elles ont été utilisées, il n’y a rien de surprenant à ne pas en trouver la trace, on peut supposer que la préparation se faisait en cas de besoin. Pour conclure, il ne faut pas perdre de vue qu’il existait sûrement dans le domaine des soins un monde entre les pratiques des maréchaux décrites dans l’Encyclopédie et celles des maréchaux des campagnes aux pratiques très empiriques relevant du charlatanisme aux dires de leurs détracteurs.

Niveau de vie des maréchaux.

Dans ce chapitre, nous allons essayer, à travers notre documentation, de cerner le niveau de vie des maréchaux Dans un premier temps, nous  nous pencherons sur la situation financiére de quatre maréchaux, saisie au moment d’un inventaire après décés. Dans un deuxième temps, nous confrontrons ces situations, à celles de laboureurs dans la même séquence chronologique, à l’aide de documents du même type. Dans un troisième temps, nous examinerons la situation de certains de  maréchaux Bretoncelles à l’aide des registres d’imposition. Enfin, nous verrons quels renseignements on peut tirer de deux sources complémentaires : les contrats de mariage et l’activité sur le marché immobilier.

Situation financiére de quatre maréchaux lors de la succession d’un membre du couple.

 Le tableau ci-dessous récapitule les données disponibles sur la situation financière de quatre maréchaux provenant de quatre paroisses et se situant dans des séquences chronologiques différentes hormis Michel Lochon et Charles  Rousseau séparés de dix ans. Si le même écart existe entre ce dernier et Etienne Jolly, la situation économique ayant été tellement modifiée avec la Révolution française, qu’il n’est pas judicieux d’établir des comparaisons ; néanmoins un certain nombre de remarques peuvent être faites. Lorsque l’on se penche sur le patrimoine brut, la situation de nos quatre maréchaux, en particulier pour Michel Lochon et Nicolas Haye est bonne. Le patrimoine mobilier, rappelons-le, est constitué pour au moins 50 % de sa valeur par la boutique, seul Lochon dispose d’une réserve d’argent liquide. 

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Des dettes actives conséquentes. 

Fort logiquement et comme souvent à cette époque où le paiement des achats ou des prestations se fait de façon différée, le chapitre des dettes actives représente pour trois successions une part très importante du patrimoine brut,  allant de 72,3 % chez Michel Lochon à 59,1 % pour Nicolas Haye. Chez le premier, les dettes concernant la maréchalerie s’élèvent à 651 livres soit 41 ,8 %, elles s’élèvent à la totalité en ce qui concernent Etienne Jolly et Nicolas Haye. Pour Michel Rousseau n’avons pas le détail du passif.

Analyse des dettes passives.

Nous connaissons le détail des dettes passives pour deux des maréchaux, celles de d’Etienne Jolly s’élevent à 1 318 francs, elles sont pour l’essentiel composé de fournitures de fer pour 872 francs soit 73,7 % auxquelles s’ajoutent 150 francs de chaux et 100 francs de tuiles, c’est deux dettes concernaient peut-être la réfection d’un bâtiment, et 96 francs pour l’acquisition d’un bien. Chez  Michel Rousseau  le passif établissait à 890 livres dont 609, 68,4 % à un maître des forges de Dampierre, probablement pour la fourniture de matières premières. A cela s’ajoutaient 107 livres de bois dont on peut penser qu’il était destiné à une consommation domestique. Les fermages pesaient pour 78 livres dont 55 livres pour une année de location de sa maison.  Il devait aussi 23 livres pour ses impôts. La famille possedait  son banc à l’église en réglant 8 livres à la fabrique. On constate que l’essentiel du passif concerne les matières premières, il s’agit d’un investissement devant procurer une plus value sous réserve, nous le verrons que les clients réglent leurs achats. Si l’on prend le cas de Jolly, il y avait dans sa boutique pour 372 francs de fer ce qui correspond exactement à sa dernière dette de matières premières, les deux autres d’un montant de 600 francs avaient probablement étaient transformées en produits finis dont une partie se trouvaient peut-être dans les 200 livres de dettes actives dues par « divers particuliers pour ouvrages » Chez Lochon aussi, 600 des 1040 livres concernaient l’activité de maréchalerie dues « par differentes personnes tant de cette paroisse que dautres pour ouvrages de ? marechal et remoulu de ses meules de plusieurs outils » à cela s’ajoutait 51 livres pour ferrure et forgerure soit 62,5 % du passif.

Des situations financières trompeuses ?

Si le patrimoine brut laisse apparaître des situations favorables, deux faits viennent nuancer cette impression. Le premier concerne les dettes actives dont certaines sont caduques. Ainsi lors de l’inventaire après décès de Nicolas Haye, les héritiers pointent que « la plus grande partie [ des débiteurs sont] insolvables et hors etat de payer ». Il est fort probable qu’il en était de même pour une partie des débiteurs des autres maréchaux. En second lieu, il faut s’intéresser aux dettes passives, car elles viennent en déduction du patrimoine brut pour connaître le montant exact de la succession hors possessions immobilières. Et là, la situation n’est plus la même pour les héritiers d’Etienne Jolly, la succession est déficitaire. Concernant Nicolas Haye dont nous n’avons pas le passif chiffré, ce dernier ne devait pas être trop important portant uniquement, semble-t-il, sur ses obsèques. Michel Lochon quant à lui déclarait avoir payé toutes ses dettes à l’exception là encore du curé pour un montant de 6 livres. Enfin, la situation de Michel Rousseau avec 890 livres de passif pour 2 215 de patrimoine brut apparaissait comme solide sous réserve que le recouvrement par son fils René des  1603 livres de dettes actives soit fructueux. 

Au vu de ces quatre bilans financiers, nous constatons que deux situations sont très favorables, à savoir celles de Lochon et Haye, pour celle de Rousseau le doute subsiste surtout que la conjoncture économique ne favorisait pas la récupération des dettes, quant à Jolly, nous avons vu que la succession était déficitaire. A travers ces quatre exemples, il semble que les maréchaux, qui ne manquaient pas de clients, connaissaient une vie aisée, néanmoins si nous nous gardons d’en faire une réalité indiscutable, il semble bien que nous touchons d’assez près la réalité du niveau de vie de cette profession au XVIIIsiècle.

Le patrimoine brut des maréchaux : essai de comparaison.

Si le patrimoine de nos quatre maréchaux s’avérait, à première vue,  conséquent, il convient néanmoins d’effectuer quelques comparaisons afin de mieux cerner la situation de ces derniers dans la hiérarchie financière de la société rurale. Nous avons effectué des comparaisons pour trois d’entre eux seulement, éliminant d’Etienne Joly pour cause de passif supérieur à son actif. L’actif brut de la succession de l’épouse de Michel Lochon s’élevait en 1780 à 3 418 livres. Nous avons mis cette somme en relation avec le patrimoine brut de 37 laboureurs calculé entre 1775 et 1785 soit cinq ans avant et après provenant d’un panel de 103 inventaires dépouillés à ce jour. Michel Lochon se classe en quatorzième position. Sept des laboureurs possédaient plus de 5 000 livres, dont trois, plus de 7 000, la succession la plus élevée se montant à 8 822 livres. La moyenne s’établissait à 3 259 livres et la médiane à 2 991 livres. Concernant Charles Rousseau en 1790, la comparaison porte sur 13 inventaires entre 1791 et 1788. Avec un patrimoine brut de 2 215 livres, il se situe en huitième position. Six se situaient au-dessus de 2 500 livres, le maximum étant de 4 844 livres, la moyenne à 2 270 et la médiane à  2215. La comparaison avec 41 successions de bordagers entre 1799 et 1775 Michel Lochon se situe largement au-dessus du maximum de 2 223 livres, Charles Rousseau étant au même niveau. Quant à Nicolas Haye fils, notre documentation est moins étoffée, les quelques inventaires dont nous disposons venant des archives judiciaires  dégagent une impression favorable qu’il serait utile de confirmer avec des exemples supplémentaires.

Maréchaux et compagnons maréchaux bretoncellois : approche de leur niveau de vie à travers les rôles de taille.

 Nos sondages dans les rôles de taille de Bretoncelles entre 1681 et 1753 puis 1790 nous ont permis en utilisant la méthode de Jacques Dupâquier, plusieurs fois utilisée dans les études publiées dans notre blog, de cerner un autre aspect des niveaux de vie des maréchaux, en l’occurrence ceux de Bretoncelles.

En 1681, nous comptons cinq maréchaux dans le rôle bretoncellois, deux d’entre eux, Louis Buguet avec 33 livres d’imposition, André Taranne avec 29 livres 8 sols vivent dans l’aisance. Louis est Buguet est le 20e contribuable le plus imposé, André Taranne se classe 25e. Viennent ensuite Simon Dutartre avec 18 livres à la 72e place sur 353 contribuables et Nicolas  Haye père avec 14 livres 6 sols, tous les deux ayant un niveau de vie honnête. Les deux derniers contribuables, Claude Collet et Jacques ? Collard avec 2 livres de contribution sont dans la gêne, ce sont sûrement des compagnons.

Si la situation fiscale des maréchaux est plutôt favorable dans 4 cas sur 6, 26 ans plus tard en 1707, il n’en est plus de même. Simon Dutartre et Nicolas Haye père avec respectivement 11 et 6 livres ont un niveau de vie honnête, Nicolas Haye fils, peut-être encore compagnon chez son père avec 5 livres est dans la gêne. Nos sondages ultérieurs concernant les Dutartre Jean, Etienne et Pierre tant en 1729, 1737,1743,1749 les positionnent dans la liste des contribuables vivant dans la gêne. En 1749, Jean bascule même dans la pauvreté. La situation n’est guère meilleure pour Henri Vasseur qui est à l’obole en 1753 et plonge dans la pauvreté ou René Fetu qui voit néanmoins sa situation s’améliorer à partir de 1753 et en 1758 avec une imposition de 10 livres son niveau de vie est honnête. Notre documentation s’arrête en 1758 pour reprendre en 1790. On relève alors Pierre Richardeau à 11 livres 6 sols soit un niveau de vie honnête, mais nous avons vu qu’un doute subsite sur son activité maréchal ou laboureur. Les autres maréchaux François Tribotte et Pierre Dutartre sont dans la gêne, Jacques Dutartre et Toutry sont pauvres.

Il n’est guère aisé de comprendre cette évolution. Il est sûr que le statut entre en ligne de compte selon que l’on tient une boutique ou que l’on est compagnon. Tient-elle au mode de calcul des impositions axé sur la possession de la terre ou sa location et son exploitation ? Faut-il y voir une sorte davantage  octroyée des confectionneurs de rôle épargnant les maréchaux tenant boutique ? Doit-on y voir les conséquences des crises démographiques de la fin du XVIIet du début du XVIIIe  siècle ainsi que de la dégradation de la situation économique ? D’autres sondages permettraient peut-être d’éclairer cette situation d’une manière plus fine ? Il faudrait vérifier qu’elle était la situation fiscale de Nicolas Haye le jeune dont nous disposons de l’inventaire après décès quelque temps avant sa mort. [81] 

Les contrats de mariage.

Les contrats de mariage peuvent nous renseigner de deux façons sur le niveau de vie soit à travers l’effort financier fait pour doter un fils ou une fille, soit en nous renseignant sur le capital disponible, sous différentes formes, au moment le couple débute sa vie en commun. Au cours de nos dépouillements de différents fonds notariés, nous avons retrouvé cinq contrats concernant des maréchaux, c’est peu, mais il ne faut pas oublier que ces derniers sont finalement peu nombreux et qu’établir un contrat de mariage n’était pas non plus une habitude si répandue. Sur les actes dont nous disposons, trois   nous apportent des éléments intéressants. 

Le premier concerne Pierre Dutartre de Bretoncelles, fils de Pierre, lui-même maréchal et de Marie Louise Gasdon, déjà évoqué. Nous avons ici un maréchal, fils de maréchal qui épouse de surcroît une fille  de maréchal, Anne Louise Cochon dont le  Michel et la mère Anne Camus sont tous deux décédés. Le contrat est passé le 10 janvier chez maître Charpentier, notaire de Moutiers-au-Perche. [82] La jeune fille émancipée apporte 1 400 livres lui venant de la succession de ses parents en meubles, effets mobiliers, ustensiles et argent liquide que le futur «  a visite et compte ». Cet apport nous indique que la situation de ses parents était aisée. De son côté, Pierre Dutartre est moins bien loti, il bénéficie d’une avance sur hoirie de 200 livres que son oncle complète «  par bienfait » de la même somme soit un total de 400 livres. Le total des apports qui s’élevaient à 1 800 livres permettait au couple de débuter leur union dans des conditions favorables. [83]

Le second contrat concerne Joseph Amiot, lui aussi déjà évoqué, un compagnon maréchal, fils d’un maréchal Mathurin et de Louise Festu, une fille de maréchal de Condé-sur-Huisne, son union avec Marie Geneviéve Marette, mineure émancipée, fille de Pierre, membre d’une importante famille de laboureur bretoncellois et de Germaine Laillet est précédée de la signature d’un contrat de mariage en 1767. [84] L’époux apportait tous les biens et droits mobiliers lui appartennant estimé à 300 livres, l’épouse quant à elle ses droits mobiliers d’une valeur de 800 livres. En 1764, Marguerite Langlois   de Bretoncelles, fille de Jean, maréchal et Marie Marguerite Joly contracte un mariage avec un veuf, Nicolas Beaufils, un marchand bordager de Vaupillon. L’époux apporte 550 livres en meubles, effets lui revenant de la communauté avec sa première épouse. Marguerite  , quant à elle apporte 500 livres « en argent, mobiliers et effets lesquels deniers elle a gagné et amasse par ses labeurs et epargnes. »[85] Il est fort probable qu’elle fut placée comme domestique pendant un certain temps.

Pour les deux derniers, les éléments en notre possession manquent de précision. Il s’agit de Jacques Lambert  un compagnon maréchal fils d’un tisserand de Coulonges-les-Sablons qui épouse en 1769 Marie Françoise, veuve de Jean Toutry de Saint-Victor-de Buthon , nous n’avons pas d’éléments chiffrés  sur les apports des deux futurs conjoints, mais uniquement la formule classique « avec tous ses biens meubles et immeubles propres  acquêts et tous autres ».[86] Enfin, en 1790, Anne Jolly, veuve d’un maréchal Pierre Bruslard de Saint-Victor-de-Buthon passe un contrat avec Jean-Charles Boisseau, un tisserand de la même paroisse. L’époux apporte ses meubles, sa futur conjointe « les meubles effets et droits actuellement appartennant consistant sa portion des revenus dans la communauté qui a ete entre elle et son defunt mari. »[87] Il est dommage que nous n’en connaissions pas la valeur. Les trois exemples utilisables, nous permettent de constater que les maréchaux n’arrivaient pas démunis au mariage et qu’ils épousaient des femmes, dont l’apport n’était pas négligeable. Néanmoins, les deux autres contrats non chiffrés n’étaient peut-être pas aussi favorables. Il n’est bien entendu question de tirer des conclusions définitives d’un nombre de cas beaucoup trop restreints, ni d’effectuer des comparaisons avec d’autres professionnels, mais simplement de verser ces éléments au dossier consistant à essayer d’apprécier le niveau de vie des maréchaux. 

Les maréchaux bretoncellois absents du marché immobilier ?

Il semble bien que les maréchaux bretoncellois aient été absents du marché immobilier. Sur prés de 600 actes de vente concernant au moins un Bretoncellois ou un bien se situant à Bretoncelles entre 1800 et 1740, nous n’avons relevé que trois transactions concernant des maréchaux, deux sont intrafamiliales, elles concernent François Tribotte et la succession de son épouse Madeleine Sorand en 1791. [88] La troisième est l’achat par René Festu, marchand maréchal de 1,25 arpent de terre labourable à François Garnier un marchand bretoncellois en 1768.[89]Deux biais documentaires doivent nuancer notre constat, d’une part les lacunes du notariat bretoncellois entre 1735 et 1800 hormis quelques épaves. D’autre part,  nous n’avons pas encore étudié les ventes entre 1740 et 1650, la période où nous avons rencontré les maréchaux les plus aisés d’après les registres de taille. Ces derniers ont-ils investi dans l’immobilier ? Il semble bien que les Haye étaient propriétaires de leur maison. D’autres recherches seraient nécessaires pour savoir si les maréchaux investissaient dans la terre.

Le maréchal : un personnage incontournable et respecté  de la société rurale ?

Si dans la plupart des inventaires après décès des laboureurs, des bordagers voire journaliers, on retrouve des outils comme les marteaux, les tenailles, les limes … attestant que les exploitants agricoles et leurs domestiques étaient en mesure d’effectuer un certain nombre de réparations d’objet en fer, il n’en reste pas moins que d’autres opérations nécessitant des compétences plus importantes relevaient du maréchal. De fait, ce dernier était indispensable au bon fonctionnement des exploitations agricoles et à l’ensemble de la société rurale. D’autre part dans la société d’Ancien Régime, c’est d’abord l’ordre auquel on appartient qui situe l’individu dans la hiérarchie sociale. Les maréchaux font partie du troisième ordre, non privilégié, le tiers état. A l’intérieur de cet ordre, le statut définit la personne : bourgeois, marchand, praticien, laboureur, artisans, journaliers … Intervient aussi la surface financière, que nous avons précédemment abordée,  cette dernière impose aussi le respect,  permet  d’avoir à un certain confort de  vie et d’accéder  à la propriété foncière principalement sous forme de terre. C’est ce rôle indispensable et ce respect que l’on va apprécié à travers : les dettes passives, le cas de Nicolas Haye père et deux moments fondamentaux de la vie des habitants, le baptême et le mariage, avant de nous interroger sur le  niveau d’instruction, autre élément pouvant être générateur de respectabilité.

 L’importance du maréchal à travers les dettes passives.

Au cours du dépouillement d’un nombre important d’inventaires après décès de laboureurs et bordagers, nous avons pu constater nous penchant sur le chapitre des dettes passives de l’importance du maréchal. Nous avons repris les 103 inventaires de laboureurs que nous avons pour l’instant dépouillés concernant Bretoncelles et plusieurs paroisses environnantes s’étageant entre 1800 et 1757 et nous avons retenu ceux dont le montant des dettes dues à des artisans[90] était égal ou supérieur à 20 livres soit 39 cas. Quatre ont été éliminés, car dans trois cas, il n’ y a pas de dettes concernant la maréchalerie et pour un le montant était inconnu par les héritiers. Les montants des sommes dues aux maréchaux vont de 160 à 6 livres, la moyenne étant de 40 livres, et la médiane, plus proche de la réalité à 30 livres. Cependant ce n’est pas tant les montants en livres qui sont les plus parlants, mais plutôt le pourcentage que représentent les dépenses de maréchalerie parmi celles de l’artisanat. Ce dernier s’élève à 58,1 % soit largement plus de la moitié et dans 12 cas sur 35, il se monte à 70 % et plus. On s’aperçoit que les dettes dues aux maréchaux sont courantes,[91] et pèsent la plupart du temps plus de la moitié des sommes réclamées par les artisans. L’explication réside dans la nécessité où se trouvait l’agriculteur de faire ferrer de façon régulière ses chevaux, mais aussi d’assurer les réparations ou le remplacement de ses outils. A titre d’exemple, on sollicitait certainement moins souvent le bourrelier ou le charpentier. Ajoutons que les quelques sondages que nous avons effectués dans notre panel de bordagers confirment, bien qu’à un échelon moindre concernant le montant des sommes,  la tendance constatée chez les laboureurs. Ajoutons que les journaliers et des artisans  pour leurs outils, le meunier et le marchand pour leurs chevaux faisaient aussi appel au maréchal.

Le maréchal occupait, nous semble-t-il, une position centrale dans la paroisse,  pas tant par son statut social, au regard de la société d’Ancien Régime, c’est un artisan, mais par ses compétences indispensables au bon fonctionnement du monde rural. Ces dernières lui permettaient, au moins pour celui qui possédait une boutique, d’avoir un niveau de vie non négligeable. Cette position lui permettait-elle de bénéficier d’un certain respect des autres habitants ?

Le maréchal, un personnage respecté : l’exemple de Nicolas Haye père.

Entre 1658 et 1728, les curés bretoncellois ont comme d’autres, adjoints dans les registres paroissiaux des « épithètes d’honneur » à certains de leurs paroissiens  par exemple « honorable homme ou femme », « discrète personne », « noble homme » ou « haut et puissant seigneur ».  Christian Poitou, prenant l’exemple de la Sologne, nous explique à partir de XVIsiècle la hiérarchie sociale «  s’exprime tout particulièrement par des « épithètes d’honneur » que n’omettent jamais de rappeler ni le curé dans ses registres paroissiaux ni le le notaire […].[92] Parmi les différents bretoncellois auxquels furent attribués l’ « épithète d’honneur » figure Nicolas Haye père qualifié d’ « honnête homme »[93]Christian Poitou nous éclaire sur ce que signifie ce terme. « Il qualifie les gros marchands laboureurs ou simples marchands à la tête d’une certaine fortune. » On constate qu’effectivement, notre maréchal côtoie plusieurs marchands comme Louis Diacre ou Louis David Bertrand, maître Pierre Lemaître, un laboureur, Maître Jean Darreau, un notaire, Louis de Clergerie, escuyer sieur du Parc ou Louis Clouet sieur du Plessis pour ne citer qu’eux.[94] Nicolas Haye père est le seul maréchal à qui les curés de Bretoncelles ont attribué une « épithète d’honneur ». Il  ne faut bien sûr pas en tirer des conclusions pour l’ensemble de la profession,[95] mais simplement de constater que Nicolas Haye père jouissait d’une certaine reconnaissance dans la hiérarchie sociale bretoncelloise.[96]

Parrains, marraines, témoins au mariage révélateurs d’une certaine  respectabilité ? 

Dans une société très attachée aux apparences et aux solidarités familiales et sociales, le choix des parrains et marraines ou l’acceptation par certaines  notabilités de porter sur les fonts un enfant ou d’apposer leurs signatures au bas d’un acte de mariage  peuvent être un indice d’une certaine respectabilité, la reconnaissance d’une importante sociale ou d’une place importante dans la paroisse.  Nous nous sommes penchés sur plusieurs baptêmes et mariages concernant des familles de maréchaux bretoncellois. 

Les parrains et marraines des familles Dutartre et Haye.

A titre d’exemples voici quelques baptêmes concernant deux familles de maréchaux les Dutartre et les Haye. En 1673, Marin Dutartre a pour marraine Marie David, l’épouse de messire Jean Clouet, procureur au siège de Bretoncelles.  [97] En 1695, Pierre Dutartre a pour parrain Maître Louis Salle, le notaire de Bretoncelles,[98]Louise Dutartre pour parrain maître Louis Mace, prêtre de Souancé en 1750.[99] Concernant la famille Haye, on trouve Nicolas, en 1664 son parrain est Louis de Clergerie, escuyer sieur des Tiennieres et comme marraine Marguerite Avignon épouse de maître Salomon David, lieutenant de Bretoncelles.[100] Sa sœur en 1658 fut portée sur les fonts par Pierre Dezert, procureur au siège de Bretoncelles. [101] Mais le parrain le plus prestigieux revient à Jacques Louis Haye, en 1666, son parrain est le « haut et puissant seigneur messire  Jacques Louis Le comte [de Nonant] marquis de Bretoncelles », sa marraine étant Damoiselle Charlotte Dorville.[102] Cette dernière était l’épouse de Louis de la Clergerie qualifiée à son décès de « honorable et noble  personne »[103]

Bien sûr, nous avons d’autres exemples actes de baptêmes où les personnages cités ont porté sur les fonts des nouveau-nés bretoncellois, mais il semble que cette répétition pour ces deux familles ne soit pas anodine.

 La respectabilité des maréchaux au révélateur du mariage.

Le premier mariage que nous allons observer est celui de Pierre Dutartre avec Marie Louise Gasdon en 1758, on note la présence de maître Desfesques, curé de Moutiers-au-Perche, mais il s’agit  peut-être d’un membre plus ou moins proche de la famille.[104] Celui de Christophe en 1659 avec Gratienne Vannier avait vu la présence de Maître Innocent Guillin, le procureur fiscal de la Châtellennie de Bretoncelles parmi les témoins.[105] Changeons maintenant de famille, en 1688, Nicolas Haye fils se marie avec Michelle Acquesse parmi les témoins figurent Louis de Loureux, escuyer sieur de Vigny  ainsi que le vicaire de Bretoncelles, et Denis Eleaume, clerc tonsuré.[106] Lors de son remariage en 1721, on note la présence de Jacques le Roy, le Bailly de Longny, de Maître Guichard, notaire et Nicolas Hunon, un marchand,  tous deux aussi de Longny[107] et de Pierre Boulay, maître de la forge du Moulin-Renault à Vaupillon. [108]

Le nombre de témoins est aussi un élément à prendre en compte, lors du premier mariage de Nicolas Haye, ils sont 8 à signer ou à être cités puis 11. Lors de celui de Jean Dutartre avec Jeanne Fleury en 1748,[109] 11 aussi, mais il est ajouté « et d’autres parents et amis qui ont déclaré ne scavoir signer ». Enfin, au mariage de Mathurin Amiot et Louise Festu, du côté de l’époux, le curé de Coulonges-les-Sablons couche vingt noms sur l’acte et 13 pour l’épouse soit un total de 33. Il s’agit pour une bonne partie de membres plus ou moins proches de la famille, mais pas uniquement. Deux viennent de La Loupe, ainsi que de Marolles, 1 de Saint-Victor-de-Buthon, 1 de Condé-sur-Huisne. On trouve 2 maréchaux, plusieurs laboureurs, des artisans : un charron, un charpentier, un maçon, un cordonnier, des métiers ayant besoin des services du maréchal. A contrario, nous ne repérons pas a priori de « notabilités ». [110] A travers ces quelques exemples, on peut, semble-t-il, en déduire que des maréchaux bénéficiaient d’une certaine reconnaissance sociale. Les actes de mariage montrent qu’ils pouvaient mobiliser un réseau de connaissances assez important se composant certes de la   famille, mais aussi d’autres personnes qui leur étaient redevables et parfois ils agrégeaient quelques notabilités ce qui n’était pas anodin lorsque l’on sait l’importance que revêtaient les réseaux sous l’Ancien Régime.

Le maréchal : un personnage instruit ?

Apprécier le niveau d’instruction des gens pendant l’Ancien Régime n’est pas chose facile, car les éléments permettant de le faire ne sont pas nombreux. Trois compétences sont en jeu : la lecture, l’écriture et le calcul. Concernant l’écriture, en absence d’écrits personnels, cette compétence est difficile à évaluer. La capacité à signer l’acte de mariage est l’indice qui a été retenu par les historiens donnant lieu à des publications.[111] Des débats existent sur ce sujet,[112] en particulier sur la graphie du paraphe, qui peut aller du simple dessin qui exclut de fait la compétence scriptale à une signature aisée qui permet de considérer que cette dernière est acquise. Parmi les différents maréchaux bretoncellois que nous avons rencontrés, plusieurs signent d’une façon aisée. C’est le cas des Haye père et fils dont la vie rappelons-le se déroule pour le premier au XVIIe  siècle et pour le second à cheval entre la fin de ce siècle et les vingt premières années du XVIII. René Festu, lui aussi signe ainsi qu’une bonne partie de la deuxième famille Dutartre. Le fait que l’un des membres de cette famille, le fils de Pierre et d’Elisabeth Bruslard soit entré dans les ordres laisse à penser que l’instruction était une chose importante chez les Dutartre. En effet, on sait que Innocent fut clerc tonsuré puis prêtre vicaire de Bretoncelles en 1756, de Moutiers-au-Perche en 1757 et curé de Thiron-les-Gardais en 1775. Un autre indice peut-être mit en avant, la tenue de registres concernant les transactions commerciales. Cette présence est attestée chez Nicolas Haye fils, son inventaire après décès signale « une table ovalle de bois de poirier avec une liette ? fermante à clef dans laquelle liette ? ouverture faite avec sa clef sy est trouvé le livre servant de journal audit defunt avez quelques papiers ». Signalons aussi « A cote du lit […] sestrouve une petite fenestre fermant avec sa  clef, es laquelle ouvesture faite avec sa clef sy trouve des papiers lexamen desquelds a ete remis a faire avec les autres cy dessus […]. Un registre est aussi signalé dans l’inventaire de Charles Rousseau. On peut penser qu’il en existait aussi chez des maréchaux comme les Dutartre ou les Festu. Nous ne pouvons que regretter que l’un d’entre eux ne soit pas parvenu jusqu’à afin d’étudier la clientèle. Concernant la lecture, si les livres sont absents des inventaires, ce qui n’exclut pas la circulation de quelques brochures par le biais des colporteurs, on peut penser que cette maîtrise était plus ou moins acquise. En effet, l’apprentissage de la lecture précédait celle de l’écriture. Si cette dernière était présente, la lecture l’était a priori  aussi. De surcroît, un certain niveau de lecture était nécessaire pour tenir les registres de compte au même titre d’ailleurs que les compétences  de base en calcul. Comment se positionnaient les maréchaux en termes d’écriture par rapport aux autres paroissiens ? Les sondages que nous avons effectués dans les registres paroissiaux sur  la capacité des hommes mariés à signer l’acte  donnent les résultats suivants : entre 1669 et 1709 20,7 %, entre 1749 et 1762  29,4. [113] Rappelons que le fait de signer n’était pas un gage absolu de maîtrise de l’écriture, la qualité de la graphie étant à prendre en compte, facteur que nous n’avons pas intégré. On peut néanmoins en déduire que des maréchaux comme les Haye ou les Dutartre faisaient partie de la minorité des bretoncellois instruits.

Reste à éclaircir où les maréchaux furent instruits. La présence de petites écoles comme on les dénommait à l’époque est attestée à Bretoncelles. Nous connaissons plusieurs noms de maîtres d’école comme Michel Sangleboeuf en 1703,[114] officiant aussi comme sacristain, de Charles Lormeau s’acquittant de 2 livres 10 sols en 1737 ou de François Alexandre Charité en 1741[115] pour ne citer que les plus anciens. Il est fort probable que ces  compétences procuraient aux maréchaux une certaine respectabilité dans une société rurale où la pénétration de l’écrit était loin d’être massive.  

Les différents éléments que nous avons présentés permettent  de penser que certains des maréchaux  que nous avons évoqués faisaient partie de la « sanior pars » ou « major pars » de la communauté c’est-à-dire ceux dont l’avis, de par leur importance sociale, comptait le plus, bien que n’étant pas les plus nombreux. En effet, lorsque la communauté villageoise délibérée sur les sujets touchant à la vie de la paroisse, si l’ensemble des habitants était convoqué à l’issue de la grande messe dominicale, tous les avis n’avaient pas le même poids, si tous pouvaient prendre la parole, les décisions étaient prises par un nombre restreint de personnes reconnues. Malheureusement, nous n’avons pas à ce jour de trace de procès-verbaux  des délibérations des habitants de Bretoncelles permettant de confirmer cette hypothèse.

Conclusion.

 Au terme de cette étude consacrée aux maréchaux bretoncellois, deux points restent en suspens. Le premier peut se formuler sous la forme d’une question : combien y avait-il de boutiques en fonctionnement conjointement à Bretoncelles au cours de la période couverte par notre étude. Les sources étudiées ne permettent pas de répondre de façon nette. Une certitude, il y en eut une probablement tout le temps dans le bourg comme nous l’avons parfois indiqué. Peut-on envisager la présence à certains moments d’une seconde à la Godefraise, un hameau de Bretoncelles,  quelques indices le laissent à penser, mais nous ne possédons pas de preuves directes. Autre point en suspens, le nombre de boutiques dans les années 1680. La présence de plusieurs maréchaux réglant des impositions conséquentes, comme nous l’avons vu, à savoir Louis Buguet, André Taranne, Simon Dutartre et Nicolas Haye père plaideraient pour plusieurs boutiques, en effet ces maréchaux étaient probablement à leur compte. Peut-on envisager quatre installations une ou deux au bourg, une à la Godefraise, une autre dans un des hameaux importants de la paroisse, en l’absence de documents plus explicites, il est difficile d’aller plus loin.

L’autre point pour lequel nous sommes encore plus démuni et qui revêt pourtant une grande importance pour la communauté rurale concerne la boutique comme lieu de sociabilité villageoise. Ce rôle est attesté de façon générale et relève même de l’évidence. Le ferrage d’un cheval prenait un certain temps, plusieurs clients pouvaient se retrouver à attendre leur tour, les conversations devaient aller bon train. De même en période de mauvais temps : pluie ou froid, la chaleur de la boutique devait inciter les habitants passant devant à une halte réconfortante propice aux échanges. Malheureusement, les sources dépouillées sont muettes pour éclairer ce rôle du maréchal comme vecteur de sociabilité tout comme il était un transmetteur d’informations lors de ses déplacements dans les fermes éloignées.

Nous terminerons ce travail sur un souvenir personnel, en évoquant le dernier maréchal-ferrant de Bretoncelles M. Lescot dont l’activité prit fin au début des années 60. Nous l’avons vu travailler, sans pouvoir affirmer qu’il ferrait des chevaux, notre mémoire manquant de certitude sur ce point. Sa forge était mitoyenne de sa maison d’habitation dont le rez-de-chaussée servait de café tenu par son épouse, la sociabilité engendrait par l’activité de maréchalerie était toujours présente, mais  perpétuant une tradition de plusieurs siècles.

 



[1] Sur ce blog : Les laboureurs tuiliers bretoncellois et la ferme tuilerie des Châtelets au XVIII e siècle. Vincent Friche, les ouvriers du fer bretoncellois et le fourneau du Moulin Renault de La Madeleine-Bouvet. (1750-1850 )

[2] Rédigé à partir de https://www.michel-vaillant.com/histoire-de-la-marechalerie. Les citations de ce chapitre en sont issues.

[3] https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/page?extalfo00006&p=2

[4] Les Sagot, une dynastie de meuniers bretoncellois. (vers 1661-1895).

[5] AD61, B.M.S Bretoncelles, 2 mai 1656.

[6] AD61, B.M.S Bretoncelles, 16 septembre 1658.

[7] Pour éviter les répétions des notes concernant les sources fiscales auxquelles nous ferons référence plusieurs fois au cours de cette étude, nous donnons les côtes des rôles  de tailles utilisés une seule fois. AD28, rôles des tailles de la paroisse de Bretoncelles 1681 B 2156, 1707 B 2204, 1731 B 2276, 1737 B 2299, 1743 B 2313, 1749 B 2324, 1753 B 334, 1758 B 2347, AD 61 1790 C 1289.

[8] AD61, B.M.S Bretoncelles, 11 septembre 1707.

[9] AD61, B.M.S Bretoncelles, 31 mars 1664.

[10] AD61, B.M.S Bretoncelles, 4 novembre 1688.

[11] AD61, B.M.S Bretoncelles, 13 mai 1720.

[12] AD61, B.M.S Bretoncelles, 21 août 1728.

[13] AD61, B.M.S Bretoncelles, 24 avril 1661

[14] Christophe épouse le 21 septembre 1659 Gratienne Vannier. Marie épouse Pierre Cordier, fils de Pierre et Marie Dumesnil le 24 février 1659 AD61, B.M.S Bretoncelles

[15] Ce sont les recherches de Marie-Paule Morel qui nous a mis sur les traces de cette famille. https://gw.geneanet.org

[16] AD61, B.M.S Moutiers-au-Perche 7 février 1696.

[17] Ibid.,

[18] A proximité de Senonches.

[19] AD28, B.M.S La Bazoche-Gouet 23 octobre 1703.

[20] A une quarantaine de kilomètres de Bretoncelles.

[21] AD61, B.M.S Moutiers-au-Perche 8 février 1720.

[22] Né le 7 février 1664. AD61, B.M.S Bretoncelles

[23] AD28, B.M.S La Bazoche-Gouet  1er juin 1706.

[24] AD 41, B.M.S Gault-du-Perche 28 mai 1707.

[25] Le 11 septembre 1714. Patrick Legrand https://gw.geneanet.org

[26] AD61, B.M.S Bretoncelles, 21 mai 1746.

[27] Patrick Legrand https://gw.geneanet.org

[28] AD61, B.M.S Bretoncelles, né le 10 août 1750, décédé le 19 novembre 1765.

[29] AD61, B.M.S Bretoncelles, né le 11 février 1750, décédé le 9 octobre 1776.

[30] AD61, B.M.S Bretoncelles, né le 12 avril 1748, décédé le 11 octobre 1785.

[31] AD61, B.M.S Bretoncelles, 8 septembre 1780.

[32] AD61, B.M.S Bretoncelles, 8 avril 1782.

[33] Différentes généalogies mises en ligne sur Geneanet, nous ont fourni des pistes permettant d’avancer dans la construction de cet arbre que leurs auteurs soient remerciés pour leurs contributions.

[34] AD61, B.M.S Bretoncelles, 26 juillet 1695.

[35] Son père étant décédé en 1753.

[36] AD61, B.M.S Bretoncelles, 10 mai 1757.

[37] Il est signalé comme témoin lors d’un mariage en en 1876, domicilié à Moutiers-au-Perche. Philippe Maday https://gw.geneanet.org

[38] Matricule  14271, il meurt Le 18 juin 1816. Mémoires des hommes. SHD 21YC 788. Son décès est enregistré le 16 août 1821. AD61, état civil de Bretoncelles.

[39] Sa fille épouse un bordager de Vaupillon, AD28, contrat de mariage du 31 juillet 1764, notariat de La Loupe, étude Mullot. 2E 64/62.

[40] AD61, B.M.S Bretoncelles, 12 février 1766.

[41] AD61, B.M.S Bretoncelles, 24 octobre 1748.

[42] En 1743, Henri Vasseur s’acquitte d’une imposition de 5 livres, le classant dans la catégorie des génés, en 1753 , il est imposé symboliquement d’une obole, traduisant une dégradation de sa situtation.

[43] AD61, B.M.S Bretoncelles, 3 février 1780.

[44] Pour la description de la méthodologie permettant d’établir ce positionnement et que nous allons utiliser plusieurs fois, nous renvoyons, une fois pour toute et ce afin d’alléger le corpus de notes  à Jacques Dupâquier « Problèmes de mesure et de représentations graphiques en histoire sociale » in Actes du quatre-vingt-neuvième Congrès national des sociétés savantes, Lyon, 1964, section d'histoire moderne et contemporaine. Tome 2,Volume 2 / [Comité des travaux historiques et scientifiques] Bibliothèque nationale de France. Gallica http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb36252438v et pour Bretoncelles à notre blog Composition sociale de la  paroisse de Bretoncelles de la fin du XVII au XVIII siècle :  le niveau de vie.

[45] AD61, B.M.S Bretoncelles, 22 janvier 1791.

[46] AD61, état civil de Bretoncelles, 28 août 1803.

[47] AD 61, Recensement de l’An 13 Bretoncelles. 1er germinal an XIII  22 mars 1805  3 NUMLN61/M1458-01.

[48] AD61, état civil de Bretoncelles, 9 juillet 1803.

[49] Op.cit.,

[50] AD28, succession de Marie Tomblaine du 22 juin 1778 Notariat La Loupe, étude Creveux. 2E 64/66.

[51] Ce montant, comme on va le voir, correspond probablement à son activité de laboureur.

[52] AD61, B.M.S Bretoncelles, 20 juillet 1790.

[53] AD61, 27 avril 1785, inventaire après décès de Pierre Richardeau, notariat deLa Loupe, étude Boullay. 2 E 65/515.

 

[54] Rédigé à partir de AD28, inventaire après décès de Charles Rousseau 11 novembre 1790, notariat de La Loupe, étude Mousseau 2E65/509

[55] Décédé le 15 septembre 1790 à 70 ans. Bernadette Lastase https://gw.geneanet.org

[56] Né le 1 er décembre 1753.  Bernadette Lastase https://gw.geneanet.org

[57] René meurt le 7 mai 1798 à 44 ans Bernadette Lastase https://gw.geneanet.org

[58] Décés de Marie Louise Camus le 9 février 1776 Michel Bonvalet https://gw.geneanet.org

[59] 18 janvier 1785 Michel Bonvalet https://gw.geneanet.org

[60] Michel Bonvalet https://gw.geneanet.org

[61] AD61, contrat de mariage du 10 janvier 1785, notariat de Moutiers-au-Perche, étude Charpentier 4E 184/348

[62] AD28, inventaire après décès de Louise Fettu, 22 janvier 1772, notariat de La Loupe, étude Boullay2E 65/472

[63] Pierre Bruslard épouse le 24 septembre 1766 Anne Jolly et Jean Lechesne le 27 novembre 1787 Marie Françoise Leroy toutes filles de laboureurs. AD61, B.M.S Bretoncelles

[64] AD61, inventaire de Nicolas Haye 30 août 1728, notariat Bretoncelles Etude Cordier  4E 184/32

[65] Et de 36 livres de même nature dans un deuxième couchage dont le bois de lit était en poirier.

[66] Nous n’avons pas de trace de forge portative.

[67] Le terme de forge semble reservé aux établissements sidérugiques, nous renvoyons à notre étude sur les ouvriers du fer dans ce blog.

[68] L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

[69] Idib.,

[70] CNRTL.fr

[71] https://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_(outil)

[72] https://musee-marechalerie.jimdofree.com/nos-métiers/charron/la-roue/

[73] L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

[74] Extrait des planches I, III et IV, maréchal ferrand. L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie

[75] Les côtes des différents documents utilisés sont indiquées dans un tableau plus bas.

[76] AD61, 27 avril 1785, inventaire après décès de Michel Dubreuil notariat de Moutiers-au-Perche, étude Charpentier. 4E 184/348.

[77] Une penture est une pièce de quincaillerie consistant en une bande de fer clouée ou rivée transversalement sur une porte ou une fenêtre pour la soutenir sur le gond.

[78] AD61, 5 janvier 1778, inventaire après décès de Charles Guerin,  notariat de Moutiers-au-Perche, étude Charpentier. 4E 184/343.

[79] AD28, 9 juin 1785, inventaire après décès de Jacques Darreau, laboureur à Bretoncelles, dette de 23 livres 5 sols dû à Vallée, maréchal de Saint-Victor-de-Buthon, notariat deLa Loupe, étude Creveux. 2E 64/71.

[80] L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie

 

[81] La situation sanitaire au moment où nous écrivons ces lignes et sa conséquence sur l’ouverture  des archives départementales d’Eure-et-Loir ne permet pas pour l’instant cette vérification.

[82] AD61, contrat de mariage du 10 janvier 1785, notariat de Moutiers-au-Perche, étude Charpentier 4E 184/348.

[83]AD61, BMS de Moutiers-au-Perche, mariage célébré le 18 janvier 1785.

[84] AD28, contrat de mariage du12 juin 1767, notariat de La Loupe, étude Mousseau 2E 65/461.

[85] AD28, contrat de mariage du12 juin 1767, notariat de La Loupe, étude Mousseau 2E 65/461.

[86] AD28, contrat de mariage du31 juillet 1764, notariat de La Loupe, étude Mullot 2E 64/62.

[87] AD28, contrat de mariage du15 mai 1790, notariat de La Loupe, étude Mousseau 2E 65/508.

[88] AD28, ventes des 27 février et 5 mai 1791 notariat de La Loupe, étude Mousseau 2E 65/510.

[89] AD28, ventes des 5 juillet 1768, notariat de La Loupe, étude Mousseau 2E 65/464.

[90] Il s’agit en général du bourrelier, du charron, du cordier pour les métiers concernant directement le travail de la terre, du charpentier ou du menuisier pour, en autre,  l’entretien des bâtiments, du sabotier, cordonnier, du tailleur pour la vie quotidienne.

[91] Rappelons que nous n’avons pris en compte les dettes passives concernant les artisans d’un montant inférieur à 20 livres et parmi lesquelles figurent aussi des sommes concernant la maréchalerie.

[92] Christian Poitou. En Sologne sous l’Ancien Régime  Vouzon et La Motte-Beuvron de 1500 à 1790. Autoedition 2011. Médiathèque Orléans 94.53 POI. Chapitre Dignités sociales et niveaux de fortune.

[93] AD61, BMS Bretoncelles 23/5/1674.

[94] Tous ces « épithèthes d’honneur » ont été relevés avec bien d’autres dans les registres paroissiaux de Bretoncelles.

[95] Il serait necessaire de sonder  les registres paroissiaux des communes environnantes pour voir si d’autres maréchaux bénéficièrent de cette épithéte.

[96] Nous ne sommes pas entrés dans le détail des dignités sociales, outre Christian Poitou, nous renvoyons pour la Beauce à Jean-Marie Constant. Nobles et paysans en Beauce aux XVI e et XVII e siècle.  Thése université Paris IV 1978 Chapitre IV p 510 et suivantes. BU Orléans.

[97] AD61, B.M.S Bretoncelles, 8 mars 1673.

[98] AD61, B.M.S Bretoncelles, 26 juillet 1695.

[99] AD61, B.M.S Bretoncelles, 21 décembre 1750.

[100] AD61, B.M.S Bretoncelles,  30 mars 1664.

[101] AD61, B.M.S Bretoncelles, 16 septembre 1658.

[102] AD61, B.M.S Bretoncelles, 14 septembre 1666.

[103] AD61, B.M.S Bretoncelles, 17 octobre 1707.

[104] AD28, B.M.S Meaucé, 14 janvier 1758.

[105] AD61, B.M.S Bretoncelles, 21 septembre 1659

[106] AD61, B.M.S Bretoncelles, 4 novembre 1688.

[107] L’épouse est originaire de Longny-au-Perche.

[108] AD61, B.M.S Bretoncelles, 9 juin 1721.

[109] AD61, B.M.S Bretoncelles, 7 octobre 1748.

[110] AD61, B.M.S Coulonges-les-Sablons 20 janvier 1720.

[111] A l’origine de cette méthode, on trouve l’enquête sur l ‘alphabétisation menée par Louis Maggiolo en 1878-1880, « elle a été relancée, extraordinairement éclairée, largement complétée et rénovée par François Furet et Jacques Ozouf, avec pour résultat la parution en 1977 de Lire et écrire : l'alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry » Poussou Jean-Pierre. La « méthode Maggiolo » et la mesure de l'alphabétisation du Sud-Ouest de la France à la fin du XVIIIe siècle. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 105, N°202, 1993. pp. 209-223. DOI : https://doi.org/10.3406/anami.1993.2355 www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1993_num_105_202_2355.

[112] La requête « signature au mariage Maggiolo » dans un moteur de recherches permet outre l’article signalé ci-dessus d’accéder à plusieurs publications en ligne sur ce sujet.

[113] Les chiffres sont respectivement de 7,6 et 5,2 pour les femmes.

[114] AD61, B.M.S Bretoncelles, 23 mars 1703.

[115] AD61, B.M.S Bretoncelles, 20 septembre 1741.

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Commentaires
J
Bonjour,<br /> <br /> Certains maréchaux Dutartre à Bretoncelles sont référencés sur la base généalogique Roglo : <br /> <br /> - Jean Dutartre (1693-1766) : http://roglo.eu/roglo?lang=fr;p=jean;n=dutartre;oc=13<br /> <br /> <br /> <br /> J'invite tout les descendants des maréchaux Dutartre à mettre leurs ancètres dans Roglo.<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> Joseph Fonlupt
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Bretoncelles : une paroisse du Perche du XVII au début du XIX siècle.
  • Ce blog a pour but de publier les recherches historiques que je mène sur Bretoncelles une commune du Perche ornais. Le champ chronologique est essentiellement axé sur le XVII et XVIIII è siècle. Jean-François LUCE
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